Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Maman, j'ai raté l'avion (Beau is afraid)

 

Baudelaire l'avait écrit, en son temps : le beau est toujours bizarre. Et pourtant, il n'avait pas vu le troisième long-métrage d'Ari Aster, le genre de film on ne peut plus clivant, et pour le plus grand plaisir du cinéaste, se plait-on à supposer. Les deux premières heures de Beau is afraid sont fantastiques, commençant sur le mode 'Maman, j'ai raté l'avion !", et se développant tel un Alice au pays des merveilles ou même un After Hours, névrosé. Puissance narrative, vision hallucinée de l'Amérique décharnée, éclats de grotesque et d'absurde à l'effet comique certain, jeu grandiose de Joaquin Phoenix, virtuosité tranquille de la mise en scène : c'est fait, on le tient, le Grand œuvre astéroïdal, susceptible de sidérer, au-delà du clan des admirateurs de Hérédité et de Midsommar. Sauf qu'il reste encore une heure de projection et que, pour parfaire son éclat d'auteur, Aster va ébrécher son bel édifice à grand coups de boutoir de symbolisme et de fantasmes post œdipiens mal digérés. La dérive est fatale, elle devient même embarrassante par son obsession d'en rajouter dans le délire pas très mince. Le film s'auto-désintègre avec plus de volupté chez le cinéaste que parmi les spectateurs, légèrement fatigués par une telle charge surréaliste, et voilà, en définitive, Ari Aster l'a bien achevé son "grand film malade."

 

 

Le réalisateur :

 

Ari Aster est né le 15 juillet 1986 à New York. Il a réalisé Hérédité et Midsommar.

 



01/05/2023
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