Malheur transmissible (Le ciel par-dessus le toit)
Plus que Tropique de la violence, qui a connu un succès mérité, c'est dans son roman précédent, En attendant demain, que se révélaient vraiment les qualités de Nathacha Appanah à travers les portraits de personnages blessés, joliment dessinés, et un style chatoyant. Le ciel par-dessus le toit n'est pas franchement une déception mais pas loin, frustrant surtout par la minceur de son intrigue et sa brièveté. L'écriture, qui cherche un peu trop à se faire poétique, n'est pas exempte de scories avec des répétitions gênantes (l'abus des n'est-ce pas) dans une langue presque orale, adaptée à son sujet mais dont l'équilibre entre métaphores et réalisme n'est pas globalement satisfaisante. C'est un peu pinailler, peut-être, mais c'est parce que la romancière mauricienne est talentueuse et que l'on attend davantage d'elle que cette chronique du mal-être entre une jeune femme rebelle et deux enfants qu'elle n'a pas su aimer. Le malheur est-il transmissible, d'ailleurs ? Cela peut arriver mais Nathacha Appanah est d'habitude plus attachée à l'aspect social de ses récits qui s'efface ici devant une histoire de famille. En effet, il n'y a qu'assez peu d'indications sur l'endroit où se déroule le roman. Cela pourrait être l'île Maurice ou bien Mayotte. Cela n'a pas plus d'importance que cela, sans doute, mais les livres de Nathacha Appanah avaient jusqu'alors une dimension qui allait au-delà de l'intimité de vies marquées par le manque d'amour. C'est moins le cas de Le ciel par-dessus le toit qui mérite cependant d'être lu et qui prend place dans une oeuvre désormais bien étoffée et originale.
L'auteure :
Nathacha Appanah est née le 24 mai 1973 à Mahibourg (Maurice). Elle a publié 9 romans dont En attendant demain et Tropique de la violence.
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