Luxe, calme et atrocités (La zone d'intérêt)
C'est dans une maison cossue, avec un jardin extraordinaire, que vivent le commandant d'Auschwitz et son épouse épanouie. Les couleurs du film adapté du roman de Martin Amis sont chatoyantes et rappellent, volontairement, les bobines de propagande tournées au temps du 3ème Reich. A proximité immédiate, les trains de la mort arrivent en gare et et les fours crématoires exhalent leur fumée acre. L'horreur est hors-champ ou plutôt en contrechamp, à un jet de pierre de la vie moelleuse et sereine des criminels de guerre et de leur famille, qui, bien entendu, ne font qu'appliquer le "projet" de la solution finale, en étant jugé sur les résultats. Film sur la banalité du mal, souvent illustré au cinéma, La zone d'intérêt, dans la lignée de La Conférence, ne suscite pas les réactions épidermiques face à l'insoutenable, éprouvées devant Le fils de Saul, par exemple. Son atrocité est nourrie par la connaissance que possède chacun de l'Holocauste et du contraste avec la vie bourgeoise menée par ces serviteurs d'une idéologie nauséabonde. La représentation de l'abomination passe par ses bruits, parfaitement perceptibles, comme une bande originale de l'infamie, auxquels ses voisins et complices restent sourds, englués dans leur quotidien tranquille qui n'est que luxe, calme et félicité.
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