Liberté, solidarité, précarité (Nomadland)
Il serait intéressant qu'un jour Chloé Zhao se penche sur son pays natal, la Chine, mais en attendant son regard cinématographique est depuis ses débuts concentré sur sa patrie d'adoption et plus particulièrement sur les déclassés et les laissés pour compte, symboles de la décrépitude du rêve américain. Nomadland est son film le plus facile d'accès, d'une certaine manière, après une entrée en matière typique d'un certain cinéma indépendant américain, très proche du documentaire. Mais la fiction et l'approfondissement du personnage principal, Fern, une veuve sexagénaire qui dort dans son van et va d'un emploi provisoire à un autre, gagnent de plus en plus de terrain et attachent davantage. Liberté, solidarité, précarité se mêlent dans un film qui force peu à peu les cadenas intimes posés par son héroïne, à la solitude choisie, émaillée de rencontres de passage, certaines se répétant sans que son indépendance ne soit remise en question. Sur sa route, Fern ne voit que bienveillance à son égard, humanité et prévenance et sans doute pourrait-on arguer que le tableau est un peu trop idyllique car même le travail chez un géant du e-commerce semble parfait. Cela et aussi une musique un peu trop mièvre empêchent de considérer Nomadland comme une œuvre 100% réaliste. Mais peu importe, au fond, car le cinéma de Chloé Zhao est toujours empreint de poésie, de mélancolie, de quiétude et de lyrisme tranquille qui se retrouvent dans les grands espaces de l'ouest américain, comme un rappel de la petitesse de nos existences humaines face à la permanence des paysages.
La réalisatrice :
Chloé Zhao est née le 31 mars 1982 à Pékin. Elle a réalisé Les chansons que mes frères m'ont apprises et The Rider.
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