Cinéphile m'était conté ...

Ce n'est nécessairement pas une mauvaise idée que de commencer un récit en donnant au spectateur tous les éléments d'un drame, que la police, de son côté, va tenter de reconstituer (meurtre ou accident ?). A condition de remplacer le suspense éteint par autre chose, une tension psychologique extrême, par exemple, à mesure que les protagonistes principaux s'enferrent dans une spirale de mensonges pour éviter la suspicion. C'est ce que tente de faire Anne Le Ny dans Le Torrent, sans vraies fausses notes mais sans vigueur non plus, eu égard à une mise en scène plus plate que les paysages vosgiens où se déroule l'action. De fait, l'on aurait presque davantage tendance à contempler le lac de Gérardmer ou les lacets des routes de montagne, dans un environnement enneigé, que à se passionner pour une intrigue qui va son bonhomme de chemin sans susciter une véritable émotion. Il s'agit moins ici d'un polar que d'une étude familiale dans laquelle une relation père/fille évolue au gré des injonctions du premier et de l'affection de la seconde, au prix de quelques raccourcis psychologiques qui parviennent difficilement à convaincre. Dans cette histoire sans véritable coupable mais avec plusieurs responsables et où la victime est plus que négligée, le jeu d'André Dussolier n'a aucun mal à s'élever cent coudées au-dessus de celui des autres interprètes, sans qu'il ait besoin de se forcer. Inévitablement, Le Torrent sera assimilé à un banal téléfilm, dont il a à peu près toutes les caractéristiques. Est-il utile de préciser que, malheureusement, cela n'a rien d'un compliment ?

La réalisatrice :

Anne Le Ny est née le 16 décembre 1962 à Antony. Elle a réalisé 6 films dont Cornouaille.