Les cèdres et les cendres (Le quatrième mur)
Ancien grand reporter, Sorj Chalandon a côtoyé les horreurs de la guerre, notamment celles qui ensanglantent un pays pour des raisons religieuses. Après l'Irlande, son dernier roman, La quatrième mur, évoque le Liban de 1982, l'année des massacres de Sabra et Chatila. Au fil des pages, le récit gagne en puissance, jusqu'à un point de non retour. Chalandon n'est pas l'écrivain des faux fuyants ni des faux semblants, il décrit une tragédie, qui ne devrait pas pouvoir être exprimée par des mots mais lui, il les dit, avec rage, désespoir et impuissance. Pourtant, il était beau ce projet, cette utopie de monter l'Antigone d'Anouilh, le temps d'une trêve de deux heures, dans les ruines de Beyrouth, avec des acteurs de toutes confessions : chrétiens, druzes, chiites, maronites, palestiniens, le tout sur une idée d'un metteur en scène juif. Le théâtre face à la guerre. L'art contre les combats. Tragédie contre tragédie. Les cèdres et les cendres. Certaines pages sont proches de l'insoutenable. D'autres, au contraire, magnifient l'amitié, la tolérance, le courage, les vertus de la transmission. Il y a beaucoup plus de violence que de tendresse dans Le quatrième mur. L'espoir vacille comme une bougie dans le vent glacé. Peut-il exister encore quand la haine et la folie des hommes submergent tout ? Un livre terrible et suffocant, peut-être le plus radical de tous ceux que Sorj Chalandon a écrit.
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