Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Le temps corrompu (La mer de la tranquillité)

Comme en cuisine, la littérature use d'ingrédients tous plus ou moins connus et la différence se fait dans la capacité du chef/auteur à mitonner un plat original, aux nouvelles saveurs. La chose est encore plus vraie dans le domaine de la science-fiction, domaine dans lequel évolue La mer de la tranquillité, qui reprend quelques thèmes bien familiers des amateurs, au premier rang desquels figure le voyage dans le temps. Emily St. John Mandel sait faire monter la sauce dans ses premiers chapitres qui nous propulsent, de siècle en siècle, de 1912 à 2401, avec un incident majeur qui se répète, comme seul indice auquel se raccrocher quant aux intentions de la romancière. La lumière vient tardivement, mais elle apparaît comme éclatante, à mi-parcours du livre autour de la corruption du temps et de la réalité du monde. Les questions métaphysiques sont là mais le bonheur de lecture est ailleurs, dans le style de l'autrice d'abord, suave et limpide, et surtout dans la caractérisation de personnages, nombreux mais identifiables et, pour certains, diablement attachants. Poétique davantage que technologique, et joliment mélancolique, La mer de la tranquillité nous transporte de la terre aux colonies lunaires, en mettant l'accent sur les questions qui vaillent, et nous travaillent depuis toujours, pauvres humains que nous sommes : qui suis-je, où vais-je et est-ce que ce monde est sérieux ?

 

 

L'auteure :

 

Emily St. John Mandel est née en 1979 à Merville (Canada). Elle a publié 6 romans dont Station Eleven.

 



09/09/2023
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