Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Le poison est dans la queue (Bouche-à-bouche)

In cauda venenum. L'expression convient particulièrement aux dernières lignes de Bouche-à-bouche, un roman à la structure simple (cela change de la majorité de ses contemporains) et d'une belle efficacité, avec une tension qui s'aiguise crescendo. Le narrateur du livre, écrivain sans succès, s'efface devant l'histoire que lui raconte un ancien condisciple d'université dans un lounge de première classe d'aéroport. Un récit fluide qui commence avec le sauvetage d'un homme sur le point de se noyer et se poursuit dans le monde artificiel et guère reluisant du marché de l'art. L'auteur sait distiller les informations importantes en des moments cruciaux mais se garde bien de tout révéler depuis le départ. Il est assez habile pour nous aiguiller sur des fausses pistes, jusqu'à l'une des dernières (de ski). L'éthique n'est pas le point fort des personnages principaux, et l'on n'imagine pas jusqu'à quel point, mais le doute persiste quand même quant à savoir si c'est leur cynisme ou leur talent qui prédomine. Bouche-à-bouche reste un ouvrage sans prétention, plaisant et parfois même jubilatoire, n'ayant d'autre objectif que de nous entraîner dans une aventure humaine rehaussée par une épaisse texture romanesque. Une lecture en première classe, faussement confortable, dont le poison, savamment raffiné, se concentre comme de bien entendu dans la queue de l'ouvrage.

 

 

L'auteur :

 

Antoine Wilson est né en 1971 à Montréal. Il a publié 3 romans.

 



10/02/2023
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