Le faux du vrai (Le dossier Maldoror)
Le malaise est une constante des films de Fabrice du Welz et il atteint une sorte d'acmé dans Le dossier Maldoror (qu'en aurait pensé Lautréamont ?) qui évoque de manière très peu confortable une affaire qui a traumatisé la Belgique : l'affaire Dutroux, pour ne pas la nommer. Le film n'est pas centré sur la personnalité du monstre mais sur celui d'un policier (fictif) qui représente une sorte de conscience de même que le fantasme d'un homme qui avait tout compris avant tout le monde et devient justicier solitaire. L’ambiguïté du métrage vient du mélange du faux et de l'avéré, dans un maelström de scènes, certaines à la limite du crapoteux, qui montrent la virtuosité du cinéaste mais aussi un certain goût pour une forme de perversité dont on est en droit de se demander quelles sont les véritables visées. L'une d'entre elles, évidente, est de faire état de la concurrence entre les trois corps policiers qui ont participé, peu ou prou, à l'enquête, tout en la ralentissant. Au-delà de l'affaire elle-même et de ses mises en cause jusqu'à des individus haut placés, le film s'intéresse particulièrement au caractère obsessionnel qu'il peut revêtir, dans le cas d'un flic intègre mais capable de passer outre les limites de sa fonction. Dans ce rôle; Anthony Bajon est époustouflant, phagocytant le film et laissant des miettes à des acteurs sous-employés et parfois moyennement crédibles dans leurs personnages, à l'instar de Sergi Lopez, Laurent Lucas ou Béatrice Dalle. Reste au final une œuvre puissante, trouble et équivoque, au sein d'une histoire bien glauque.
Le réalisateur :
Fabrice du Welz est né le 21 octobre 1972 à Bruxelles. Il a réalisé 9 films dont Calvaire, Adoration et Inexorable.
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