Le doux regard du cyclope (L'homme d'argile)
D'emblée, le caractère singulier de L'homme d'argile s'impose de par son rythme, tout sauf trépidant, ses scènes étranges à la limite de l'onirisme, son humour discret qui flirte avec l'absurde et, bien entendu, son personnage principal, laid avec élégance, si l'on ose ce presque oxymore, incarné par l'étonnant et magnifique Raphaël Thiéry. Ce cyclope au regard si doux, ce Quasimodo devient le quasi modèle d'une artiste contemporaine, sculptrice au comportement fluctuant. Égérie de me voir si bel en ce miroir, se dit alors celui que son physique renvoie à une certaine imagerie de monstres, car pour être disgracieux aux yeux des autres, celui-ci n'en a pas moins une belle âme et des sentiments sous son épaisse carapace de chair. Le premier long-métrage de Anaïs Tellenne réussit à presque nous captiver sur la longueur mais il lui manque tout de même un peu d'étoffe narrative pour se surpasser. Et aussi, tout bonnement, de davantage de folie tant l'on sent parfois, mais ce n'est qu'une interprétation, que la réalisatrice n'a pas voulu libérer totalement les chevaux, quitte à fréquenter les rivages du fantastique. La fièvre poétique et créatrice semble contenue et ramenée à un cadre acceptable pour ne pas risquer un dérapage incontrôlé auquel on aurait pourtant bien aimé adhérer.
La réalisatrice :
Anaïs Tellenne est née le 17 mai 1987 à Paris. Elle a réalisé 3 courts-métrages.
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