Cinéphile m'était conté ...

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Le début de la fin (Crasse rose)

Avec Crasse rose, l'écrivaine uruguayenne Fernanda Trías se distingue des romans post-apocalyptiques puisque, dans cette dystopie, la fin du monde, suppose t-on, en attendant l'avènement d'un autre, ne fait que commencer. Dans une ville qui pourrait être Montevideo, ou une autre cité portuaire d'Amérique latine, une épidémie mortelle se propage (le livre a été écrit avant le temps du coronavirus) tandis qu'un brouillard persistant ne se dissipe qu'à l'occasion de violentes tempêtes. Au cœur du roman, une femme survit dans son appartement, loin de son ex-mari hospitalisé et de sa mère avec laquelle les relations sont fraîches. Son compagnon de fortune est, provisoirement, un enfant atteint d'un syndrome génétique et qui n'est jamais rassasié. Autant dire que Crasse rose ne respire pas la joie de vivre mais, dans ce climat sinistre, l'autrice réussit à nous accrocher par un style qui donne au sordide une sorte de poésie étrange, réellement fascinante. La romancière laisse un certain nombre de choses dans l'ombre, ne donne pas une tonne d'informations sur la situation en dehors de la ville et son intrigue évolue au ralenti, mais c'est justement ce qui fait l'intérêt du récit, avec cette atmosphère délétère et un portrait très humain d'une anti-héroïne dont on ne sait si elle va se laisser engloutir par le pourrissement général ou finalement s'enfuir vers d'autres horizons. Aux côtés de l'argentine Mariana Enriquez et de la colombienne Lorena Salazar, dans des veines différentes, et avec quelques autres, Fernanda Trías représente à coup sûr l'avenir d'une littérature latino-américaine qui ne se résume plus au trop célèbre réalisme magique.

 

 

L'auteure :

 

Fernanda Trías est née le 12 octobre 1976 à Montvideo. Elle a publié 6 livres dont La ville invincible.

 



09/04/2023
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