Le Cap de l'espérance déçue (Un monde beau, fou et cruel)
"Comment un pays aussi beau peut-il être à ce point assoiffé de sang ?" Ce pays, c'est L'Afrique du Sud, en décembre 2004. L'apartheid n'est plus mais la violence n'a pas déserté les rues pour autant. Un monde beau, fou et cruel, un titre qui résume parfaitement le propos de Troy Blacklaws dans un double récit parallèle où l'on meurt beaucoup, où l'on souffre énormément, où l'on espère un peu, où l'on aime aussi, du moins on essaie. Très souvent, l'auteur s'échappe du sordide par de nombreuses métaphores poétiques qui surchargent parfois le livre. Une fois assimilé ce péché mignon, on prendra non pas du plaisir, le mot ne convient pas, mais un intérêt grandissant aux destins des deux personnages principaux du roman, forcément emblématiques. Des deux intrigues contées côte à côte, il est évident que celle de cet enseignant, obligé de quitter le Zimbabwe du dictateur Mugabe, est la plus poignante. Son chemin de croix, jusqu'au Cap, montre un pays tel qu'on n'a pas l'habitude de le voir. Il est bien question de racisme mais pas entre noirs et blancs. C'est la xénophobie qui s'exprime contre les émigrés des autres pays africains qui déchantent vite en découvrant cette Afrique du Sud loin d'être le paradis sur terre. Beau pays, certes, avec ses paysages à couper le souffle. Mais surtout fou et cruel, à cause des hommes qui l'habitent quand la seule alternative est de tuer ou être tué. Malgré quelques effets de style, le livre de Blacklaws se place sans l'ombre d'un doute parmi les plus prenants et saisissants écrits sur l'Afrique du Sud post-apartheid. Le Cap de l'espérance déçue.
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