Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Le camp du traumatisme (Tarentule)

Comment un traumatisme d'enfance se transforme t-il, une fois atteint l'âge adulte, et comment en distinguer la réalité des distorsions que la mémoire a échafaudé ? Eduardo Halfon, qui ne cesse de parler de lui dans ses écrits, montre une fois de plus à quel point, en remettant en cause ses souvenirs, il oblige le lecteur lui-même à s'interroger et à se forger un jugement qui ne pourra être que partiel et ... partial. Au-delà des éléments factuels, ou présentés comme tels, à savoir un sinistre camp de survie pour enfants juifs au Guatemala, dans les années 80, censé faire ressentir à ses participants la souffrance et l'effroi endurés par les membres de leur communauté, en Europe, près de 4 décennies plus tôt, l'auteur s'interroge sur sa propre judéité, sur la transmission et, pourquoi pas, sur l'ironie tragique d'habiter une ville, Berlin, la cité-symbole du pouvoir des nazis. En dépit de sa brièveté, le livre est puissant par son pouvoir d'évocation, nous rendant proche, quel que soit nos croyances et notre identité, d'un enfant pris au piège d'une mécanique cruelle, puis d'un homme qui, sans l'avoir voulu, retrouve l'un des acteurs majeurs de l'une des pires commotions de sa vie, de celles que l'on essaie d'oublier, ou encore, vainement, de comprendre. Et ne reste plus, en définitive, qu'une monstruosité dont l'existence même ne peut qu'être questionnée, dans son caractère extrême, en dépit de sa terrifiante et grotesque authenticité.

 

 

L'auteur :

 

Eduardo Halfon est né le 20 août 1971 au Guatemala. Il a publié 7 romans dont Monastère et Deuils.

 



03/01/2025
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