La frontière entre la lâcheté et le courage (La nuit recommencée)
La dictature militaire. Encore et toujours. Comment un romancier argentin, s'il est d'un âge moyen, pourrait-il faire l'impasse sur cette période noire de l'histoire du pays, avec son cortège tragique d'enlèvements, de tortures, de meurtres, de descentes de police, de délations et de "collaborations" ? Le narrateur de La nuit recommencée est un écrivain qui, trente ans plus tard, revit un moment -l'irruption nocturne d'inconnus chez ses voisins- qui le ramène à ces "années là" lorsque, adolescent, il a connu pareille scène qui ne cesse de le hanter depuis. Mise en abyme, bouffées obsessionnelles de la mémoire, enquête douloureuse pour démêler les fils de cette première nuit cauchemardesque et éclairer enfin les raisons du comportement ambigu et inexplicable de son père. Leopoldo Brizuela travaille son texte au corps, délivre les informations au compte goutte, nous perd parfois dans des allers et retours incessants entre présent et passé. Quand le livre prend des accents didactiques, il se révèle moins intéressant. Quand il s'attache à la psychologie complexe de ses personnages : bourreaux, victimes, indifférents, il est passionnant. Finalement, le frontière entre la lâcheté et le courage n'est-elle pas une ligne de partage difficile à définir, fluctuante et subjective ?
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