La fin de l'idéalisme humanitaire (Check-point)
Avec ces deux camions qui roulent dans un environnement périlleux, Check-point fait parfois penser au Salaire de la peur. Dans un autre contexte, avec quatre personnages qui doivent se supporter (dans tous les sens du terme mais surtout celui de ne pas céder à la haine). Avant tout, le dernier Rufin est un roman d'aventures haletant, gorgé de suspense et de péripéties, même s'il présente des individus que l'on pourrait juger archétypiques mais dont l'auteur sait révéler les failles et nuancer les portraits pas aussi orthodoxes qu'il y parait de prime abord. La Bosnie est une toile de fond idéale : non seulement Rufin connait le terrain comme sa poche mais elle sonne aussi d'une certaine façon le glas de l'idéalisme humanitaire. Rufin y a cru comme beaucoup, avec la naïveté de ceux qui à défaut de changer le monde voulaient panser ses plaies en toute sincérité. Mais l'engagement a changé de forme, ce qu'explique l'auteur dans sa post-face. Ceci dit, il ne prêche pas, ce n'est pas son genre et le lecteur et, plus globalement, les êtres doués de raison et de convictions que nous sommes, n'ont aucune obligation de le suivre totalement dans son analyse. Mais on peut y réfléchir, bien sûr que oui. Comme dans la plupart de ses livres, il y a deux aspects dans Check-point : le romanesque, allègrement et brillamment illustré ; le philosophique (ce n'est pas un gros mot) suggéré, argumenté mais non point asséné. C'est pour ce respect de l'avis des autres et l'absence de prosélytisme que l'on aime l'écrivain et l'homme Rufin.
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