Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

L'insoutenable légèreté de l'être (Barbie)

 

Il est fascinant de voir à quel point la curiosité a poussé un nombreux public à découvrir, dès le premier jour de sa sortie, un film qui n'est a priori qu'un produit dérivé d'une grande marque de jouets, une opération de marketing et de rebranding très rusée. Il est vrai que certains ne l'ont vu, toutes affaires cessantes, que pour se payer sa tête et dénoncer sa dictature féministe sur les réseaux sociaux, blogs et autres forums de discussion. Dans une semaine où sortent Oppenheimer, Les Meutes, Les ombres persanes, De nos jours et Sous le tapis, entre autres, Barbie est évidemment l'objet le plus clinquant du lot, le plus à même de susciter le désir, et ce pour plein de raisons, la moindre n'étant pas la présence surprenante de Greta Gerwig à la réalisation. Sur le plan du spectacle pur, avec ses décors éclatants, ses chansons acidulées et ses chorégraphies rutilantes, il y a lieu de s'extasier, comme si Vincente Minnelli était revenu pour imposer son univers coloré. Le scénario est par ailleurs loin d'être idiot, même s'il insiste un peu lourdement sur le poids du patriarcat (le seul échappatoire en est-il le matriarcat ? Quid d'un vivre ensemble harmonieux ? Sans doute du domaine de l'utopie). Qu'est-ce que l'identité féminine, se demande Barbie, dans ses moments les plus lucides, et, ma foi, la question est effectivement aussi intéressante qu'une guerre des sexes par trop prévisible. Milan Kundera aurait apprécié ces passages où la question de l'insoutenable légèreté de l'être se pose, et les poupées blondes, une fois débarrassées de leur obligation de s'en tenir à une image stéréotypée, ont aussi le droit de s'interroger. En même temps, en dépit du talent incontestable de Margot Robbie, de Ryan Gosling et de Greta Gerwig, il va de soi que le film étant une production Mattel, qui ne se prive pas d'occuper largement le récit, ce n'est pas une entreprise philanthropique, n'ayant de cesse de flatter la marque, y compris via le tamis de l'auto-dérision, arme de séduction massive très efficace, quand elle s'impose des limites bien précises. Visuellement, Barbie est du nanan pour les yeux et on laissera à chacun la capacité de décider si le message envoyé est pertinent, malin, outrancier ou stupide. Prière de rayer les mentions inutiles.

 

 

La réalisatrice :

 

Greta Gerwig est née le 4 août 1983 à Sacramento. Elle a réalisé Lady Bird et Les filles du docteur March.

 



20/07/2023
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