Cinéphile m'était conté ...

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Journal d'après apocalypse (Les Indignes)

Dans la plupart des récits post-apocalyptiques, l'errance du ou des personnages principaux compose une grande partie de l'intrigue, avec le danger qu'elle charrie, dans un monde soumis au chaos et où la survie tient lieu de préoccupation quotidienne. Dans Les Indignes, d'Agustina Bazterrica, il y a bien une histoire de fuite éperdue mais celle-ci n'intervient qu'en flash-back, après que la lumière du monde s'est éteinte. La majeure partie du livre se situe dans une sorte de couvent où une hiérarchie sociale s'est imposée, au nom d'une nouvelle religion et où les brimades et les sévices ne cessent jamais. Ce huis-clos oppressant, décrit dans le journal clandestin d'une "Indigne", avec ses rites étranges, commence dans une certaine opacité, avant qu'une nouvelle arrivante ne vienne semer un certain désordre et peut-être la révolte. Les écrivaines latino-américaines sont de plus en plus nombreuses à imposer leur univers, à travers des dystopies, des romans gothiques et d'horreur, refusant les tabous et s'autorisant la cruauté et la perversité de récits glaçants, loin de toute zone de confort, qui interrogent aussi bien la férocité de l'âme humaine que notre propension à épuiser les ressources de la planète. Les Indignes (au même titre que Cadavres exquis de la même Agustina Bazterrica) n'atteint pas l'intensité d'une Mariana Enriquez, d'une Karina Sainz Borgo ou d'une Fernanda Trías, par exemple, mais le livre, dont l'intérêt va crescendo, a de quoi impressionner de par sa puissance d'évocation et son inéluctabilité tragique.

 

 

L'auteure :

 

Agustina Bazterrica est née en 1974 à Buenos Aires. Elle a publié 4 livres dont Cadavres exquis.

 



24/02/2025
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