Cinéphile m'était conté ...

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Guirlande de vieux films (Janvier/2)

Les mystères de Paris, Jacques de Baroncelli, 1943

Une jeune fille est arrachée à un bouge immonde par le mystérieux Rodolphe, qui n'est autre que le grand-duc de Gérolstein à la recherche d'une enfant qu'il eut d'une de ses anciennes liaisons. Des multiples versions du grand feuilleton d'Eugène Sue, celle de Jacques de Baroncelli est sans nul doute celle qui lui est la plus fidèle (bien plus que celle, médiocre, d'André Hunebelle avec Jean Marais). Néanmoins, la tâche est impossible : comment raconter une histoire de plus 1300 pages en 85 minutes ? Le film respecte le pittoresque de la description des bas-fonds mais ne peut guère qu'effleurer l'intrigue, trop riche, raccourcie ici à quelques éléments de mélodrame et à une action trop hâtive, notamment vers la fin. Qui plus est, l'interprète principal, Marcel Herrand, ne semble pas très à l'aise, contrairement à son compère, l'excellent Noël Coëdel. Outre le petit rôle anecdotique de Jean Carmet, on remarque surtout la prestation des personnages les plus ignobles et en particulier celle de Germaine Kerjean.

 

La cage aux rossignols, Jean Dréville, 1945

Clément Mathieu, sans situation et amoureux, obtient avec la complicité d'un ami de faire publier dans un quotidien le récit de son passage comme professeur dans une maison de correction. Son remake, Les choristes, a fait ressortir de l'oubli ce film qui est loin d'être le meilleur de Jean Dréville. La faute surtout à un récit au départ peu passionnant qui fait place à cette histoire de centre éducatif où les méthodes douces d'un surveillant, et l'apport de la musique, adoucissent le sort d'élèves plus souvent brimés qu'à leur tour. La morale en est simple et le film gentil quoique édifiant malgré une certaine fadeur de son acteur principal, Noël Noël. Interrompu par le débarquement des alliés, le film fut repris quelques mois plus tard. Il est évident qu'il y avait peu de moyens lors du tournage mais les jolies scènes de choeur, notamment, font oublier cet inconvénient. Le public lui fit un triomphe à sa sortie.

 

Des jeunes filles dans la nuit, René Le Hénaff, 1943

Le feu ayant éclaté dans un pensionnat, six jeunes filles sont reconduites à l'improviste chez elles et surprennent leurs parents. Le film précise bien dans un carton introductif qu'il ne s'agit pas de critiquer certaines familles, celles-ci constituant des exception. Oui, nous sommes en 1943, et nous sommes assez loin du modèle laborieux si cher au maréchal Pétain. Ceci dit, la satire est gentille et a parfois de l'esprit malgré le peu de vivacité de la mise en scène. Comme souvent dans les films de cette période, c'est l'interprétation qui retient l'attention. Avec entre autres le talent du grand Pierre Larquey, de Gaby Morlay, de Fernand Ledoux et de Louise Carletti. Mention spéciale à Renée Faure, dans un rôle plutôt effacé qui ne l'empêche pas de briller à sa façon, humble et sans afféterie.

 

Feu sacré, Maurice Cloche, 1942

Une jeune provinciale monte à Paris. Sa route vers la gloire sera semée d'embûches. C'est Viviane Romance, alors star incontestée du cinéma français, qui eut l'idée du film. Rien ne manque à cette ascension laborieuse d'une apprentie vedette, censée émouvoir et distraire : la jalousie de ses concurrentes, les déceptions amoureuses et les approches libidineuses de certains messieurs. Nonobstant une propension à montrer les dessous en soie de l'artiste, Feu sacré a le sens du rythme et révèle le talent multiforme de Viviane, qu'on a trop souvent vue dans des rôles de vamps ou autres femmes de mauvaise vie : elle danse, elle chante et elle joue avec un talent certain. Film édifiant, soit, et sans surprises majeures mais correctement écrit et réalisé par le dénommé Maurice Cloche, artisan sans génie mais qui fait son travail avec application, au service de sa vedette.

 

Ne le criez pas sur les toits, Jacques Daniel-Norman, 1943

Un savant qui cherchait la formule d'un super-carburant meurt. Une bande de malfaiteurs pense que son préparateur connaît la formule. Une des nombreuses "fernandeleries" tournées pendant les années 40 et qui repose en grande partie sur l'abattage du comédien. Notons toutefois qu'il est ici relativement sobre dans un rôle d'idiot, qui plus est amoureux, qui lui va à ravir. Le point de départ est assez stupide mais permet des aventures rocambolesques, au détriment du pauvre Fernandel, qui sont menées sans trop de temps morts avec quelques raccourcis narratifs qui ne mangent pas de pain. Jacques Daniel-Norman, connu surtout pour son 120 rue de la gare, se tire sans trop de dommages d'une histoire qui n'a d'autre but que de distraire le peuple des spectateurs. Peu d'interprètes de valeur, par ailleurs, hormis un Robert Le Vigan aussi habité que d'habitude.

 



14/01/2019
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