Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Guirlande de vieux films (Février/1)

Fièvres, Jean Delannoy, 1942

Le ténor Jean Dupray vivait heureux auprès de sa femme Maria. Une riche Américaine l'entend à l'Opéra, veut le séduire, y parvient. Un film réalisé pour mettre en valeur les prouesses (!) vocales de Tino Rossi qui pousse la ritournelle à plusieurs reprises (aïe). Est-il nécessaire de préciser que le rossignol corse est un piètre acteur ? Objet du désir des femmes, il est ici à l'origine d'un drame et d'une violente échauffourée. Est-ce sa faute à lui si ces dames sont folles de son bel organe. Malgré la réalisation correcte de Delannoy, l'histoire, mélodramatique, est imbuvable. Il y a pourtant du talent autour de Tino : Jacqueline Delubac, Madeleine Sologne, Ginette Leclerc et les excellents seconds rôles Jacques Louvigny et René Génin. Mais hélas, on les voit (entend) beaucoup moins que le maître chanteur (sic).

 

L'inévitable M. Dubois, Pierre Billon, 1943

Une jeune femme à la tête d'une importante affaire est une nature froide et autoritaire. Elle rencontre la fantaisie faite homme en la personne de M. Dubois, un peintre de passage. Oh la belle surprise ! Le film s'inspire visiblement de la rythmique des comédies loufoques américaines et parvient à ne pas pâlir de la comparaison. Rebondissements en série, personnages parfaitement typés, retournements de situation, dialogues très drôles de Marc-Gilbert Sauvageon : tout est en place pour illustrer un thème vieux comme le monde, à savoir comment deux exacts contraires en tempérament se repoussent et s'attirent en même temps. Il y a bien une légère misogynie dans le portrait de la femme d'affaires mais à peine perceptible et le genre masculin en prend aussi pour son grade. Les deux interprètes principaux sont remarquables : André Luguet aurait pu figurer dans un film de Lubitsch et Annie Ducaux fait penser à Katharine Hepburn. Gros succès sous l'Occupation, le film ne mérite pas d'être tombé dans l'oubli.

 

Histoire de rire, Marcel L'Herbier, 1941

Parce que son mari admet qu'une femme puisse quitter son époux pour aller vers celui qu'elle aime, Adélaïde laisse Gérard a sa philosophie et part effectivement. Adapté d'une pièce de Salacrou, Histoire de rire n'est qu'un simple boulevard moyennement amusant quand il est léger et terriblement lourd lorsqu'il revêt des accents dramatiques. Tout est bien futile en vérité dans ce film de L'Herbier : les femmes y sont inconstantes et cruelles, les hommes cyniques et pusillanimes. Au fond, rien ne vaut une bonne amitié virile face aux jeux de l'amour et du hasard. Fort de cette morale, Histoire de rire s'avère poussif et ennuyeux. On le regrette pour Pierre Renoir et Fernand Gravey qui ne brillent guère au contraire de Micheline Presle épatante en irrésistible écervée. Elle est la seule raison de se souvenir de cette oeuvrette sans grand intérêt.

 

Le cavalier noir, Gilles Grangier, 1945

Au XVIIe siècle, sur la frontière des Flandres, un jeune seigneur se livre à la contrebande jusqu'à ce qu'il soit rentré en possession de l'équivalent des terres dont son père a été dépossédé. Voici donc le Zorro français joué par le sémillant Georges Guétary, bien meilleur acteur que ses rivaux Tino Rossi et Charles Trenet. Le cavalier noir n'est pas un film très sérieux, avec son bandit d'opérette qui est mollement pourchassé par un gendarme peureux, incarné par Jean Tissier. Chansons, bagarres gentillettes et petites histoires sentimentales ; de quoi amuser les spectateurs de février 1945 (le film a été tourné sous l'Occupation). Casting affriolant avec Alerme, Mila Parély et Simone Valère pour ce deuxième long-métrage de Grangier qui a débuté en 43 avec Ademaï, bandit d'honneur.

 

A vos ordres, madame, Jean Boyer, 1942

A la suite d'une panne de voiture, le ménage Dupuis doit séjourner dans un hôtel de luxe. Madame fait passer monsieur pour son chauffeur. Un scénario coécrit par Jean Boyer et Yves Mirande plein de rebondissements amusants dans une bonne humeur permanente qui n'exclut pas un point de vue social délivré avec une certaine causticité qui ne se prend toutefois pas au sérieux. C'est une aubaine pour les excellents Jean Tissier et Suzanne Dehelly secondés par les savoureux Alfred Adam et Jacques Louvigny. On remarque la pétillante Jacqueline Gauthier qui tourna beaucoup dans les années 40 avant de se consacrer principalement au théâtre. Elle s'est suicidée, la soixantaine venue.

 

 

 

 

 

 

 

 



04/02/2019
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