Cinéphile m'était conté ...

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Faisceau de vieux films (Février/3)

Sueur douce (Amai ase), Shtrô Toyoda, 1964

Dans le Japon qui s'apprête à accueillir les J.O de Tokyo, Sueur douce trace le portrait d'Umeko, une mère célibataire de 36 ans qui cherche désespérément à sortir de sa précarité. Malheureusement, alors que sa beauté se fane peu à peu, elle semble n'aimanter que des hommes sans scrupules qui la délaissent rapidement. Cette femme malchanceuse, un peu trop portée sur la boisson, est incarnée par la remarquable Machiko Kyô. Au casting, figure également Keiji Sada, dans son avant-dernier rôle au cinéma, avant de disparaître dans un accident de voiture. Le riche scénario est signé par Yokô Mizuki, réputée pour ses collaborations avec Imai, Naruse et Kobayashi. Quant à la mise en scène, impeccable, elle confirme le talent du trop méconnu Shirô Toyoda.

 

La vie d'une femme (Onna no issho), Yasuzô Masumura, 1962

Comment raconter la vie d'une femme japonaise en 93 minutes, de la victoire de Port-Arthur (1905) à la fin de la seconde guerre mondiale ? C'est à quoi s'attelle Yasuzô Masumura, dans un film parmi les moins caractéristiques de sa carrière, issu d'une pièce de théâtre et d'un scénario auquel il n'a pas participé. Le récit, s'il s'attache au destin d'une orpheline rejetée, devenue cheffe de famille et surtout femme d'industrie, profitant des ressources de la colonisation de la Chine, est ponctué d'événements historiques successifs, au sein d'un pays belliciste qui court tout droit au désastre. Il s'agit du survol d'une époque, fluide malgré les ellipses, qui aurait mérité une bonne heure de plus pour explorer davantage les états d'âme de son héroïne, mais cela reste d'une facture impeccable avec une interprétation remarquable de Machiko Kyô.

 

Tourbillon charnel (Onna no uzu to fuchi to nagare), Kô Nakahira, 1964

Le titre de Tourbillon charnel ne rend pas vraiment grâce au film de Kô Nakahira, qui certes fait référence à la frustration d'une épouse et à ses infidélités, mais qui élude tout l'aspect existentialiste d'un récit assez austère. De la Mandchourie de 1939 au Tokyo de l'après-guerre, le film évoque un mariage arrangé, l'emprise masculine, les désastres de la guerre, les maux du Japon après la défaite, de la prostitution au marché noir, de l'occupation américaine à la pauvreté. Rythmé par la voix off du mari et, parfois, de sa femme, Tourbillon charnel fait preuve d'un pessimisme noir, tant à l'intérieur des familles que sur le plan social.

 



17/02/2025
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