Existentialisme oriental (Papa Sartre)
Il a fallu bien du temps, une dizaine d'années, avant que Ali Bader soit enfin traduit en français. Et, logiquement, c'est le premier de ses 11 romans, Papa Sartre, qui a eu cet honneur, en espérant que d'autres ouvrages suivront très vite. Le plaisir de lecture est immédiat. Autant sur la forme : une biographie fictive enchâssée dans un récit contemporain qui joue la carte du mystère ; et autant sur le fond : la description minutieuse du microcosme des intellectuels de Bagdad dans les années 60 dont la principale activité était d'imiter jusqu'à la caricature l'existentialisme sartrien. Ou comment passer ses journées en ayant la nausée en permanence. Tout en précisant que la version irakienne est, comment dire, particulière, avec une propension à profiter de tous les plaisirs de la vie. Ali Bader se régale à nous faire découvrir ce petit monde, snob, prétentieux et arrogant dont la vacuité philosophique n'a d'égal que la fatuité. Il est très moqueur, notre auteur, d'une ironie cruelle qui donne à son livre une pulsation de tous les instants et un rythme qui ne faiblit pas. Mais derrière une certaine légèreté, Ali Bader capte aussi un bout de l'âme irakienne, avant Sadam Hussein, celle d'un pays au carrefour des influences musulmanes, juives et chrétiennes, et où chacun était libre d'exprimer ses opinions et ses idées sans craindre de représailles.
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