Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

En Haut-Adige ou Tyrol du Sud (Eva dort)

"Une terre dont, aujourd'hui encore, beaucoup d'italiens aiment la géographie mais ignorent l'histoire." Cette région est celle du Haut-Adige ou Tyrol du Sud, cédée à l'Italie en 1919, des débris de l'Autriche-Hongrie, alors qu'elle n'était peuplée que de germanophones. Dans son premier roman, Eva dort, Francesca Melandri y raconte presque un siècle de luttes, souvent violentes, pour ne pas perdre son identité, et gagner son autonomie, de Mussolini à Moro. Une fresque historique qui est plus qu'une toile de fond et qui prend parfois toute la place, reléguant son intrigue principale, familiale celle-ci, au deuxième plan. Eva dort trace les portraits de deux femmes, une mère et une fille, et de l'homme qui a le plus compté pour elles, même s'il ne fut jamais le mari de la première ni le père de la seconde. Le roman est riche, presque trop. Sa construction, en incessants retours en arrière, dilue les passions intimes au profit des événements historiques. Francesca Melandri ne voulait pas écrire un livre seulement sentimental, ce qu'il est pourtant, une sorte de mélodrame où le droit d'aimer est dénié par les contraintes d'une époque où les unions mixtes (une germanophone et un italien) étaient sinon interdites, du moins proscrites par la morale. Malgré un aspect répétitif et une frustration de ne pas mieux entendre le thème principal de cette partition, Eva dort est une oeuvre estimable, pudique et douce, au-delà de la douleur de la perte, et dont la langue, cristalline, révèle une romancière promise à un bel avenir.

 




29/04/2012
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