Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Ecrivain misanthrope et climat anxiogène (Le bon hiver)

Le jeune écrivain portugais Joao Tordo avait séduit avec Le domaine du temps. Son deuxième roman traduit en français, Le bon hiver, confirme en très grande partie cette impression. Les 100 premières pages du livre sont délectables, pleines de dérision et d'ironie dans le portrait d'un écrivain sans succès et sans inspiration qui somatise et devient une loque misanthrope. Le colloque de Budapest, auquel il participe, est un concours de vanités que Tordo, jamais aussi bon que dans le cynisme, ridiculise avec délectation. Le roman bascule ensuite dans tout à fait autre chose. Une sorte de thriller, sous forme de huis-clos dans une propriété entre mer et forêt, où les assassinats se multiplient, les rivalités s'aiguisent et les haines se matérialisent, au sein d'une faune de personnages hétéroclites (artistes, actrice, écrivains, producteur) dans un climat anxiogène proche d'un film d'horreur. Là, Tordo est moins convaincant. D'une part, parce que la situation n'est pas en soi originale et a déjà donné été à l'origine de nombreux romans ; d'autre part, parce qu'on est proche du grand guignol avec des scènes macabres qui font regretter le ton moins "sérieux" du début du livre. Ceci dit, l'auteur garde une certaine maîtrise des évènements et n'a pas son pareil pour plonger aux tréfonds psychologique de ses personnages ou, au contraire, pour leur garder une certaine part de mystère. Quoique imparfait et un brin frustrant, Le bon hiver est un assez joyeux jeu de massacre qui laisse à penser que Joao Tordo en a encore sous le pied et devrait le démontrer sans faute dans ses prochains livres. On attend, en trépignant.

 




04/06/2012
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