Douleur muette (Gangs of Taïwan)
Taipei 2019. Pendant que des manifestations embrasent Hong Kong, la vie continue à Taïwan, avec une ombre chinoise qui grandit. Le premier long métrage de Keff nous plonge immédiatement, avec un style affirmé, dans un univers urbain où règne une certaine violence et où l'on trouve encore de petits commerces, comme un restaurant de nouilles, qui semblent éternels, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le héros de Gangs of Taïwan, énigmatique au possible, qui mène une double vie et semble affecté par une douleur muette (il ne parle pas), sert de lien entre les principales intrigues du film, dont le caractère social ne se dément pas, entre les petites gens, les bandes de jeunes, destructrices, et les puissants, corrompus jusqu'à la moelle. S'il adopte un rythme parfois languissant, et aurait pu durer une bonne demi-heure de moins, sans aucun préjudice narratif, le récit paraît parfois cousu de fil blanc ou bien, au contraire, suspect d'emballement peu prévisible, voire à peine crédible, notamment sur la fin, de loin la partie la moins convaincante. Reste l'atmosphère, très prégnante, et une stylisation qui ne manque pas d'attrait. Sans oublier l'interprétation, à la hauteur, pas tant d'ailleurs pour son personnage principal que pour les rôles annexes, tel ce vieux couple de restaurateurs, plus vrais et humains que nature.
Le réalisateur :
Keff a réalisé un court et un moyen-métrage.
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