Douce dépression (Chienne de vie)
Intimiste, minimaliste, lent ..., autant de qualificatifs qui peuvent caractériser l'écriture de Helle Helle dans son premier roman traduit en français, Chienne de vie, qui ne raconte rien de plus que le quotidien de quelques personnes habitant un coin perdu, et côtier, du Danemark, et dont l'apparition d'une étrangère tombée de nulle part ne va pas troubler outre mesure l'existence, celle-ci adoptant à son tour le rythme de ses hôtes, qui l'ont accueillie sans lui poser la moindre question. Au fil des pages et au-delà de cette quasi routine, décrite avec un sens du détail très aigu, en donnant la part belle aux éléments : vent, froid, pluie, etc, Helle Helle brosse par petites touches un portrait sensible de ses personnages, aux bonheurs simples et aux relations empreintes de bienveillance. Tout l'inverse de la vie passée de l'inconnue qui vient de débarquer et dont la romancière nous distille avec parcimonie quelques éléments. Une femme écrivain, en panne d'inspiration, tant dans son métier que dans sa vie privée, qui a tout quitté avant de couler à pic. Et ce qu'elle vit, dans de nouveaux paysages et un environnement différent n'est rien d'autre que la traversée d'une dépression douce qui s'estompera sans doute face à la gentillesse et l'absence de préjugés de ceux qui lui ont offert un toit provisoire. Joli livre, contemplatif, dont le titre, Chienne de vie, exprime mal la pudeur et le la légèreté fragile des jours passés à "faire de petites choses."
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