Désuètes victimes (Sur la plage de Chesil)
Le dernier quart d'heure de Sur la plage de Chesil cherche l'émotion à tout prix et la trouve, malgré des maquillages outrés pour vieillir les deux personnages principaux. Cette fin n'est pas celle du roman dont est adapté le film de Dominic Cooke, d'autant plus surprenant que son auteur, Ian McEwan, est aussi le scénariste. Avant ce dénouement, Sur la plage de Chesil se concentre sur un dîner et nuit de noces, dans un hôtel miteux du Dorset, autour de deux jeunes gens sexuellement inexpérimentés et victimes malgré eux des conventions désuètes de l'Angleterre du début des années 60, à la veille d'être "pervertie" par la musique des Beatles et la libéralisation des moeurs. Haché par une foultitude de flashbacks, le film s'acquitte proprement de sa description d'une société vieillissante où les écarts de classe régissent son fonctionnement. Non-dits, délicatesse, pudeur, Sur la plage de Chesil coche toutes les cases pour évoquer un amour naissant mais cela manque de vie et de rythme, mis en scène par un réalisateur débutant qui a passé la plus grande partie de sa vie à diriger au théâtre. On peut y percevoir un soupçon d'humour mais là aussi peu agissant et retenu, laissant la place au drame intime des deux jeunes gens qui s'exprime dans cette interminable soirée après le mariage. L'interprétation sauve en partie les meubles : comme d'habitude, Saoirse Ronan est parfaite et Billy Howle s'impose tout en nuances.
Classement 2018 : 101/167
Le réalisateur :
Dominic Cooke est né en 1966 à Londres. Il a mis en scène de nombreuses pièces de théâtre.
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