Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Corps de femme (Orpheline)

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"Je fais des films en kit. C'est le spectateur, avec sa sensibilité propre, qui remplit les trous et construit." D'accord, M. des Pallières, on l'avait bien compris dans l'énigmatique Michael Kohlhaas, ennuyeux à périr (avis personnel) et c'est encore le cas dans Orpheline, portrait de femme en 4 fragments temporels. On a beaucoup glosé sur le changement d'actrice, selon les différentes époques, mais cet artifice déplace un peu l'intérêt quant au propos du film et le grand écart que l'on constate entre ceux qui évoquent une oeuvre féministe et d'autres qui dénoncent une vision caricaturale et masculine. Sur les quatre périodes qui composent Orpheline, deux posent effectivement problème, par une évocation rapide, crue et sordide (complaisante ?) de la sexualité d'une jeune fille. Ceci dit, d'une part, des Pallières ne parle pas de toutes les femmes, d'autre part, cette partie-là est semble t-il liée à des réminiscences autobiographiques de sa coscénariste. Admettons qu'il reste un doute, tout de même, et un certain malaise, mais cela ne devrait pas influer outre mesure sur l'impression globale que produit Orpheline. Histoire à rebours d'une femme en construction, le film rappelle l'Irréversible de Noé, la provocation en moins. C'est le corps, et non la psychologie, qui sert de fil de rouge, de l'âge adulte à l'enfance, puisque la dramaturgie est inversée. Ce procédé n'est pas qu'un gadget, dans le sens où il éclaire a posteriori les scènes de début et surtout celles de fin, les plus intenses, en même temps que plus apaisées, en quelque sorte. Adèle Haenel, la dernière des représentations de cette femme, en est la figure la plus pleine et la plus palpable, si l'on ose dire, et celle qui est mise en relation avec l'enfant qu'elle a été. On ne s'attardera pas sur des explications psychanalytiques qui resteraient de toutes manières lacunaires. On retiendra plutôt que cette singulière entreprise s'accompagne d'une absence de jugement et, il faut le répéter, de psychologie. Il en résulte un long-métrage incandescent et charnel, qui n'a absolument pas vocation à plaire à tout le monde. Reconnaissons-lui l'excellence de son casting féminin et de quelques seconds rôles remarquables (Jalil Lespert) et laissons les exégètes s'échauffer les sangs. Dans un paysage cinématographique où l'ambition n'est pas si épandue, Orpheline, même inconfortable et dérangeant, a le mérite de ne pas chercher la démagogie consensuelle.

 

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Classement 2017 : 18/75

 

Le réalisateur :

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Arnaud des Pallières est né le 1er décembre 1961 à Paris. Il a réalisé Drancy avenir, Adieu, Parc et Michael Kohlhaas.



02/04/2017
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