Concerto en scie (Golden Glove)
Fut un temps où Fatih Akin faisait l'unanimité avec des films comme De l'autre côté ou Soul Kitchen. On ne sait ce qui lui est arrivé mais depuis In the Fade, il est devenu bien moins consensuel avec un cinéma désormais radical et donc sujet à dégoût pour nombre de ses fidèles d'avant. Et ce n'est pas avec Golden Glove que son cas va s'arranger. Cette plongée dans le quartier chaud du Hambourg des années 70, aux basques d'un tueur en série visqueux, alcoolique et impuissant était annoncée "insoutenable" par les premières critiques de la Berlinale. Plus que The House that Jack built ? C'est un débat, mais les deux films ont des qualités qui permettent de passer outre à ce sentiment bien trop sommaire. Golden Glove suggère des actes atroces plus qu'il ne les montre réellement mais il est vrai que l'imagination du spectateur fait le reste. Glauque et sordide, le film l'est bien à plusieurs reprises mais il faut aussi mentionner cet humour noir dévastateur qui intervient aux moments les moins attendus (drôle de concerto en scie joué par le tueur !). Et puis, il y a aussi toutes les scènes au fameux bar Zum Goldene Handschuh qui sont pour le moins pittoresques et surtout d'une grande humanité quand sont évoqués des trajets de vie pathétiques, à commencer par celles de prostituées hors d'âge, dévastées mais dignes à leur manière dans la perdition. Entre répulsion et fascination, Golden Glove, abominablement bien interprété par Jonas Dassler, se révèle captivant de bout en bout, réaliste pour le pire et presque bienveillant pour le meilleur (ne hurlez pas !).
Classement 2019 : 30/138
Le réalisateur :
Fatih Akin est né le 25 août 1978 à Hambourg. Il a réalisé 10 films dont Head-on, De l'autre côté et Soul Kitchen.
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