Cinéphile m'était conté ...

Un film qui commence par une citation d'Aristote ne saurait être mauvais. Ou encore qui permet d'apercevoir la magnifique Paula Beer, même dans un rôle épisodique et inutile. Bon, sérieusement, Le chant du loup est une sacrée bonne nouvelle dans le genre passablement sinistré en France du film d'action en général et d'aventures sous-marines, en particulier, avec une dimension géopolitique qui n'étonne pas de la part de son auteur, Antoine Baudry, ancien diplomate et coscénariste du Quai d'Orsay de Tavernier. Comme metteur en scène, sans faire usage d'effets trop voyants, il parvient à l'efficacité, ce qu'on lui demande, en peaufinant notamment l'ambiance sonore sous la mer, ce qui est appréciable. Qu'il y ait des invraisemblances dans le récit (depuis quand les critiques sont-ils des spécialistes de la dissuasion nucléaire ?) est vrai mais elles ne sont pas assez graves pour gâcher le plaisir à regarder un suspense délicieusement anxiogène qui, par ailleur,s n'emprunte pas tant que cela les allées habituelles du film d'action. Bien profondément ancré dans le microcosme qu'il décrit, le film n'abonde pas en psychologie mais laisse suffisamment de place à l'humain pour ne pas paraître globalement froid et artificiel. On pouvait craindre la présence de stars au générique (Kassovitz, Sy, Kateb) qui s'acquittent convenablement de leur tâche mais Baudry a eu l'intelligence de donner la vedette à François Civil qui se révèle parfait en tant qu'Oreille d'or, une sorte d'équivalent au Nez de l'industrie cosmétique (la comparaison vaut ce qu'elle vaut). Avec ce film, le néo-réalisateur entre de plain pied dans la rare catégorie des auteurs/cinéastes capables de signer des divertissements de qualité et populaires. Il lui reste à résister au chant des sirènes (hollywoodiennes ?) pour ne pas s'égarer en route.

Classement 2019 : 8/42

Le réalisateur :

Antonin Baudry est né le 6 mai 1975. Il a coscénarisé Quai d'Orsay.