Cinéphile m'était conté ...

Barakah rencontre Barakah (Barakah yoqabil Barakah), Mahmoud Sabbagh, Arabie Saoudite, 2016

Barakah, employé municipal à Djeddah, tombe amoureux de Bibi (Barakah de son vrai prénom), star des réseaux sociaux. Une comédie romantique dans un pays où les hommes et les femmes n'ont pas le droit de se rencontrer dans l'espace public, mais oui, c'est possible ! Il ne s'agit que du deuxième film "officiel" saoudien après l'excellent Wajda. Un film qui a même pu voyager à l'étranger puisque présenté à Berlin et à Toronto puis représentant l'Arabie Saoudite aux Oscars 2017. Une volonté au plus haut niveau de l'Etat de montrer une facette plus tolérante du pays ? Sans doute mais on est assez surpris par ce qui se révèle comme une satire assez piquante, jusqu'à un certain point, d'une société marquée par les interdits, en particulier vis à vis des femmes. Le réalisateur s'amuse avec la censure en pixellisant volontairement des images "inconvenantes" comme un verre de whisky. L'histoire d'amour, un peu mièvre et distante n'est que le prétexte à montrer le paradoxe d'une société de plus en plus occidentalisée, marquée par les clivages sociaux et où les plus jeunes générations rêvent de desserrer l'étau. Le ton, plutôt léger et ironique, se teinte d'une certaine mélancolie dans sa dernière partie. Il y est dit d'ailleurs que le bonheur dure une journée et l'amertume toute une vie. En tous cas, le film va bien au-delà des caricatures utilisées généralement en occident pour évoquer l'Arabie Saoudite. Puissent d'autres oeuvres venir encore enrichir notre connaissance encore parcellaire de ce pays opaque.

Note : 7/10