Cinéphile m'était conté ...

Ce n'est pas une mauvaise idée que d'avoir modernisé le roman de Wells en l'inscrivant dans son époque, post MeToo. Le fait est qu'avec un homme invisible en costume de pervers narcissique, la donne change quelque peu et redistribue les enjeux. Cela confirme après Upgrade que l'australien Leigh Whannell est un petit malin qui sait créer des atmosphères originales, le problème étant quand même qu'il a assez tendance à le faire, le malin, dans une écriture qui ménage les surprises en fichant bien de toute cohérence psychologique. Invisible Man, c'est donc avant tout La femme de l'homme invisible puisque tout le film est centré sur son personnage, sans développer outre mesure les autres, mille fois hélas. Le film tient une heure trente sans nous "montrer" l'homme invisible et ce n'est pas un mince exploit, et une excellente idée, mais quelqu'un peut-il expliquer pourquoi, d'un coup, sans raison apparente, le fantôme perd en partie son pouvoir, au vu et au su de tout le monde ? A partir de là, le film est sur la pente descendante, remplaçant le mystère par une violence des plus habituelles et des scènes d'action qui débouchent inéluctablement sur un dernier twist et une conclusion "moralement" acceptable. Visiblement, c'est le cas de le dire, le scénario souffre d'un certain nombre de carences qui ne peuvent être comblées par la seule virtuosité de la mise en scène. Ni par le jeu intense de l'interprétation d'Elisabeth Moss qui contraste avec le jeu transparent de l'ensemble de ses partenaires, lesquels, il est vrai, ne sont là que pour rehausser la performance de l'héroïne de cette histoire de maltraitance qui plutôt que de choisir le registre de l'émotion tourne à l'exercice de style. On peut difficilement se vouloir rusé comme un goupil sans être peu ou prou suspecté de s'avérer un manipulateur trop sûr de lui.

Classement 2020 : 53/60

Le réalisateur :

Leigh Whannell est né le 17 février 1977 à Melbourne. Il a réalisé 3 films dont Upgrade.