Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Au gré du courant (Luzzu)

 

Luzzu, le premier long-métrage du maltais Alex Camilleri, évite soigneusement les effets de carte postale. Sans qu'on puisse le qualifier de néoréaliste, son approche mélange avec une belle maîtrise veine documentaire et fiction très liée aux préoccupations des pêcheurs de l'île, qui se trouvent devant des choix cruciaux pour survivre. Le poids de l'Union européenne, qui finance la reconversion des pêcheurs et contribue à l'extinction d'un métier transmis d'une génération à une autre, est écrasant dans un écosystème où le marché noir ne peut que se développer. Le film aborde des sujets sociaux par le prisme de l'humain, nuançant son discours et l'enrichissant d'une intrigue plus intime (un jeune couple avec un bébé face à un avenir incertain) sans oublier d'évoquer des thèmes environnementaux. L'histoire de Luzzu est simple et complexe à la fois, au gré du courant, comme l'alternative soumise aux pauvres pêcheurs locaux, sachant que l'honnêteté et le respect de la tradition ne paient pas (plus). Luzzu est joué en majorité par des acteurs non-professionnels, l'interprète principal, remarquable, étant d'ailleurs lui-même pêcheur dans la vie réelle. L'authenticité criante du film n'empêche pas d'apprécier sa qualité cinématographique et notamment l'excellence de son montage qui permet aisément de passer d'un registre à un autre en maintenant un rythme relativement soutenu. Action et réflexion se mêlent avec une certaine grâce dans ce film maltais parfaitement abouti.

 

 

Le réalisateur :

 

Alex Camilleri est né à Malte. Il a réalisé 3 courts-métrages.

 



05/01/2022
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