Au bal des sorcières (Suspiria)
L'emphase avec Amore, la vacuité avec A bigger Splash, la sensibilité avec Call me by your Name. Et Suspiria, au-delà de son statut de remake du film culte d'Argento ? Comme une combinaison de ces différentes caractéristiques, un grand film malade comme on le dit de ces métrages ratés en grande partie mais fascinants par leurs incohérences et leurs lacunes. Certains s'amuseront à comparer ce Suspiria de 2018 avec l'original mais le film de Guadagnino est une relecture très personnelle et digressive où le thème central semble contaminé par l'ambiance délétère d'une Allemagne traumatisée par la bande à Baader et la culpabilité des années du Reich. Le salmigondis qui tient lieu de scénario a pourtant des séductions mortifères une fois assimilé le fait que ce trip lorgne autant du côté de Fassbinder que de Black Swan. Un climat poisseux dans un Berlin coupé en deux et oppressant dans une académie de danse dirigée par des femmes aux allures de sorcières. Ce bal tragique culmine dans une dernière partie dont on ne sait s'il faut en frémir ou en rire et où le réalisateur se lâche totalement et gâche un peu toute l'aura de mystère et de fantasmes qui régnait jusqu'alors. Dans ce chaos perturbant, les actrices ont bien du mérite à s'imposer mais elles sont impeccables de Dakota Johnson à Chloé Grace Moretz, de Mia Goth à Tilda Swinton, dans un double rôle. On est très heureux de retrouver Angela Winkler, qui n'a pas changé depuis des années, et un peu moins Sylvie Testud et Ingrid Caven, à peine reconnaissables.
Classement 2018 : 38/224
Le réalisateur :
Luca Guadagnino est le 10 août 1971 à Palerme. Il a réalisé 7 longs-métrages dont Amore, A bigger Splash et Call me by your Name.
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