Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Harcèlement (Au début de l'amour)

Après avoir écrit 3 recueils de nouvelles, Judith Hermann se lance enfin dans l'aventure du roman. Tout est relatif, néanmoins, Au début de l'amour dépasse à peine les 200 pages et se lit assez vite. Son héroïne est une femme "normale" : un mari (souvent absent), une petite fille (mignonne), une amie (lointaine), des voisins (peu fréquentés), un métier (infirmière à domicile). Et voici qu'un inconnu sonne à sa porte : bref échange, elle n'a aucune envie de faire sa connaissance. Mais celui-ci va insister, sonner tous les jours (quand son époux est absent), laisser des mots dans la boîte aux lettres. Un harcèlement qui la fait vaciller, l'intrigue et lui fait peur. Au début de l'amour n'est pas pour autant un véritable livre à suspense, pas dans le sens où le conduit la romancière allemande, en tous cas. Judith Hermann semble plus encline à créer une atmosphère inquiétante et à sonder l'âme de son fragile personnage que de s'adonner aux joies du thriller. Ce n'est pas qu'on trouve le temps long, le récit est trop bref pour cela, mais on aimerait bien un "climax", un moment où les deux protagonistes vont s'expliquer pour de bon. Il ne viendra pas vraiment. La tension qui règne dans Au début de l'amour est étrange comme dans un film codirigé par Polanski et Lynch. Mais sans arriver tout à fait à nous faire vibrer. Depuis, Judith Hermann a écrit un nouveau recueil de nouvelles. Sans doute s'épanouit-elle davantage dans les formats courts.

 

9782226323927g.jpg

 

L'auteure :

83574.jpg

 

Judith Hermann est née en 1970 à Berlin. Elle a publié 3 recueils de nouvelles : Maison d'été, plus tard, Rien que des fantômes et Alice.


07/04/2016
0 Poster un commentaire

Humanisme sans angélisme (Mandarines)

351719.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Abkhazie 1992. Deux producteurs estoniens de mandarines viennent au secours de deux combattants blessés, chacun d'un camp différent. Sur le thème de "Quelle connerie, la guerre", une très belle oeuvre humaniste mise en scène avec grâce et interprétée avec talent. Beaucoup de silences, des dialogues incisifs et une sagesse qui peut s'apparenter à de l'angélisme mais qui touche juste et profond. Né en 1965, le réalisateur Zaza Urushadze a 4 longs-métrages à son actif. Il est visiblement pétri de talent.

 

119785.jpg-cx_160_213_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Classement 2016 : 4/76

 

Le réalisateur :

Urushadze_Zaza_2014-01.jpg

 

Zaza Urushadze est né le 30 octobre 1965 en Géorgie. Mandarines est son quatrième film.


06/04/2016
1 Poster un commentaire

Lâcher prise (L'avenir)

049128.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

L'avenir pourrait être le titre de tous les films de Mia Hansen-Love tellement la réalisatrice aime à se pencher sur les ruptures de vie et les remises en question indispensables. Le plus souvent, elle s'est tournée vers la jeunesse. Bien que d'un âge mur, l'héroïne de L'avenir, interprétée de façon magistrale par Isabelle Huppert, doit aussi prendre une voie nouvelle à la suite d'événements qui la touchent de près. Et apprendre le lâcher prise, elle, la prof de philosophie si habituée à tout contrôler dans sa vie. Si quelques scènes frisent l'intellectualisme aride, la petite musique de la cinéaste et la lumière qui se dégage de cette chronique emportent l'adhésion. Parce que s'y ajoute une belle dose d'ironie et de dérision grâce notamment à un vieux chat qui met de la fantaisie dans une existence trop bien ordonnée. Les qualités habituelles du cinéma de Mia Hansen-Love se retrouvent également dans cet art de dilater le temps et de construire une narration tout en points de fuite, avec une élégance rare dans la production française.

 

487965.jpg-cx_160_213_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Classement 2016 : 34/75

 

La réalisatrice :

Mia_Hansen-Løve.JPG

 

Mia Hansen-Love est née le 5 février 1981 à Paris. Son parcours est pratiquement sans faute : Tout est pardonné, Le père de mes enfants, Un amour de jeunesse, Eden.


06/04/2016
0 Poster un commentaire

Plus grande morte que vivante (Eva ne dort pas)

468202.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Morte en 1952, à l'âge de 33 ans, est plus qu'une icône en Argentine. Elle est à la fois Edith Piaf, Louise Michel et Jeanne d'Arc. Le mystère de la disparition de son cadavre a encore ajouté au mythe auquel s'attaque le film de Pablo Agüero, de façon très personnelle, c'est le moins que l'on puisse dire. Des scènes d'archives et la voix très particulière d'Eva ponctuent plusieurs moments de l'histoire de l'Argentine censés symboliser la présence obsessionnelle de cette héroïne, encore plus grande morte que vivante. Il y a un côté conceptuel et théâtral dans la démarche du cinéaste dont les images très léchées témoignent d'une stylisation extrême qui nuisent à la compréhension d'un scénario brumeux dont on saisit mal la finalité. Trentenaire, Pablo Agüero est un réalisateur très doué mais il est trop souvent dans la pose artistique pour que la marche de son récit soit exaltante. Quant à Gael Garcia Bernal, bien que tête d'affiche, sa participation se limite à de maigres apparitions sur une grosse dizaine de minutes. Frustrant.

 

084937.jpg-cx_160_213_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Classement 2016 : 45/74

 

Le réalisateur :

186183.jpg-cx_160_213_x-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Pablo Agüero est né le 13 mai 1973 à Mendoza (Argentine). Avant Eva ne dort pas, il a réalisé trois films, tous inédits en France.


06/04/2016
0 Poster un commentaire

Aux basques d'une déboussolée (Sky)

063408.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Sky n'est pas à proprement parler un réel road-movie ou alors si, mais mental, aux basques d'une femme en rupture de ban qui semble peu à même de se réaliser pleinement. Le scénario n'est pas d'une grande originalité et parait s'en remettre aux seules dérives de son héroïne. Au passage, le film nous livre quelques clichés durs comme de la pierre sur l'Amérique rurale et Las Vegas. Depuis ses débuts, Fabienne Berthaud a fait de Diane Kruger son égérie, comme une sorte de double déboussolée et en quête perpétuelle. Il faut reconnaître que l'actrice lui fait une entière confiance y compris pour se rendre ridicule ou pathétique, parfois, touchante le plus souvent. A l'inverse de ses confrères cinéastes, la réalisatrice ne joue pas sur sa beauté mais sur sur ses variations de jeu. S'il y a un intérêt à voir Sky, c'est bien là qu'il se trouve.

 

534099.jpg-cx_160_213_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Classement 2016 : 61/73

 

La réalisatrice :

170193.jpg-cx_160_213_x-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Fabienne Berthaud est née en 1966 à Gap. Elle a réalisé trois longs-métrages : Frankie, Pieds nus sur les limaces et Sky.


06/04/2016
0 Poster un commentaire

Complainte à la cornemuse (Sunset Song)

520323.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

La terre. Seul élément qui dure alors que les saisons passent, que les hommes naissent puis meurent. Sunset Song sonne comme une complainte jouée par une cornemuse, dans les Highlands d'Ecosse. Folie des hommes, aussi, entre violence domestique et l'obligation de faire la guerre, celle de 14 en l'occurrence. Portrait de femme, enfin, enfant bénie ou maudite de cette terre et qui verra le drame envahir peu à peu son existence. Terence Davies est un cinéaste exigeant qui a peu tourné, 8 longs-métrages en près de 30 ans, et qui signe ici une élégie placée sous le signe de la beauté des paysages et du tourment des âmes. Pour une fois, la voix off apporte vraiment un plus, avec un texte superbe, gavé de poésie, de chagrin et de lucidité mêlés. Dans un film qui est tout sauf académique, le récit est magnifié par la performance splendide de l'inconnue Agyness Deyn. L'incarnation quasi angélique d'une destinée pourtant sombre et tragique, dans le crépuscule des hommes.

 

546859.jpg-cx_160_213_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Classement 2016 : 15/72

 

Le réalisateur :

070533.jpg-cx_160_213_x-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Terence Davies est né le 10 novembre 1945 à Liverpool. Il a débuté avec Distant Voices, Still Lives en 1088. Parmi ses autres réalisations figurent The long Day closes, Chez les heureux du monde, Of Time and the City ...


05/04/2016
0 Poster un commentaire

Vie de bohème à Melbourne (La compagnie des artistes)

La compagnie des artistes de Chris Womersley n'a absolument rien à voir avec les autres livres de l'auteur australien, au point même de se demander s'il s'agit du même écrivain. Voici donc un roman initiatique relativement classique, se déroulant dans le milieu bohème du Melbourne des années 80. Un jeune homme tout juste sorti de sa campagne et un brin candide se laisse entraîner dans une vie aventureuse par ses nouveaux amis aux fréquentations douteuses. Le livre est clairement divisé en deux parties : l'une où le cheminement est plutôt lent avec un regard impressionniste sur de menus évènements ; l'autre, plus épicé, dans lequel le rythme s'accélère et le pouls de son héros en même temps dans une affaire qui prend des proportions inattendues. La compagnie des artistes flirte avec le monde de l'art mais si l'on se prend à penser un bref instant au Chardonneret de Donna Tartt, la comparaison ne tient pas et n'est guère flatteuse pour Womersley dont le livre est bien en dessous de celui de la romancière américaine. La lecture de La compagnie des artistes est loin d'être désagréable et l'on apprécie notamment la description de Melbourne, très documentée et détaillée. Mais l'ensemble manque d'émotion et semble surtout reproduire des schémas conventionnels dans le registre du roman d'apprentissage. Un ouvrage finalement un peu aseptisé et sage dont le caractère du personnage principal est bien moins intéressant que ceux de ses compagnons manipulateurs qui gardent une large part de mystère.

 

9782226325891g.jpg

 

L'auteur :

Writers'_Week_Chris_Womersley_Adelaide_Festival_medium.jpg

 

Chris Womersley est né en 1968 à Melbourne. Il a écrit deux premiers romans : La mauvais pente et Les affligés ainsi qu'une grande quantité de nouvelles.


05/04/2016
0 Poster un commentaire

Nabat (Azerbaïdjan)

058067.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Nabat, Elchin Musaoglu, Azerbaïdjan, 2014

En Transcaucasie, peu de temps après la fin de l'URSS, Nabat survit dans une ferme isolée avec son mari mourant et le souvenir de son fils tué au combat. Un matin, elle trouve son village désert, évacué par ses habitants. Deuxième film d'Elchin Musaoglu, Nabat est la chronique minimaliste et contemplative d'une existence solitaire alors que la guerre (celle du Haut-Karabagh) fait rage aux alentours. Celle-ci restera hors champ tout au long du film quasiment muet et dépourvu de musique dans sa deuxième partie. Seule éléments notables : la disparition de l'unique vache de Nabat et la présence d'un loup. Joliment réalisé, Nabat reste tout de même d'une austérité trop appuyée pour capter l'attention pendant 100 minutes.

 

157222.jpg

 

Note : 5/10


04/04/2016
0 Poster un commentaire

Itzchak Tarkay

Né en 1935 à Subotica (Serbie), Itzchak Tarkay est mort le 3 juin 2012 à Détroit. Il est l'un des artistes israéliens parmi les plus renommés du XXe siècle.

 

An Evening with Friends.jpg

 

G25024__36804.1409090092.700.700.jpg

 

H0267-L21990368.jpg

 

ItzchakTarkaySummary.jpg

 

tarkay_18248_2.jpg


04/04/2016
1 Poster un commentaire

Filière bulgare (Tête baissée)

Sorti le 14/10/2015

 

568044.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Avec Eastern Plays, son premier film, Kamen Kalev avait mis la Bulgarie de la cinématographie mondiale. Pour suivre, The Island était une franche déception. Tête baissée manifeste un léger mieux mais le film souffre de sa double nationalité française et bulgare dans le sens où le scénario se perd souvent dans des explications alambiquées avant, au contraire, de finir en pleine confusion. Il y a tout de même la force de son naturalisme social, très noir voire glauque avec cette plongée dans les filières bulgares du proxénétisme. Âpre vision d'un pays où la vente de quasi fillettes pour l'occident semble être une façon pour certaines familles de s'en sortir. Mais le film suit surtout l'équipée hasardeuse de Melvil Poupaud qui va vraiment "au charbon" dans un rôle ingrat et antipathique dans lequel il réussit à ne pas se noyer.

 

329682.jpg-cx_160_213_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Classement 2015 : 165/253

 

Le réalisateur :

34484_1302868738realeasternplays-resize-225x210.jpg

 

Kamen Kalev est né le 7 juin 1975 à Burgas (Bulgarie). Il a réalisé Eastern Plays et The Island.


03/04/2016
0 Poster un commentaire