Asie
Schizophrénie galopante (China Dream)
En exil depuis plus de 20 ans, banni de Chine pour "pollution spirituelle", Ma Jian continue de publier loin de sa terre natale, inlassable pourfendeur des dérives du régime en place. China Dream peut ainsi aussi bien se lire comme un pamphlet que comme une satire aux solides vertus caustiques où le ridicule le dispute au tragique. Cependant, Ma Jian mêle la réalité, déjà souvent incroyable et désolante, à la fiction dystopique qui n'y va pas par quatre chemins pour stigmatiser cette société orwellienne. Le livre prend pour héros un haut fonctionnaire en bout de course, Ma Daode, directeur du Bureau des rêves, dont le but est d'éradiquer les souvenirs douloureux de chaque citoyen en les remplaçant par le merveilleux "rêve collectif chinois." De sombres desseins que notre homme a toutefois du mal à faire se concrétiser étant lui-même obsédé par son passé de la Révolution culturelle. L'époque actuelle et les funestes années 60 finissent par coexister de façon chaotique, non seulement dans l'esprit de Ma Daode mais aussi dans le roman, de manière tellement insistante que la démonstration en devient parfois irritante, dans un état de schizophrénie galopante. La fable en devient presque illisible dans ses dernières pages à mesure que l'état de Ma Daode se dégrade et que l'on plonge dans une sorte de délire incontrôlé. D'où l'impression mitigée que ressort de cette lecture singulière où en définitive il devient impossible de démêler le vrai du faux, la seule boussole restant le préambule écrit par Ma Jian qui lui est parfaitement clair et terrifiant.
L'auteur :
Ma Jian est né le 18 août 1953 à Qingdao (Chine). Il a publié 6 ouvrages dont Nouilles chinoises et Beijing Coma.
Deux âmes sœurs (Une ville à soi)
Actes Sud est fidèle à la romancière chinoise Chi Li depuis deux décennies. Une ville à soi est son dixième roman traduit, sachant que celui-ci a été publié en 2000 en Chine. L'ouvrage est dans la continuité de l'oeuvre de l'auteure qui, à travers des gens plutôt ordinaires, prend le pouls d'un pays en plein bouleversement, sur le plan économique mais aussi social et humain. Contrairement à d'autres écrivains chinois de sa génération, mondialement connus comme Mo Yan ou Yu Hua, Chi Li n'est pas du style à aller du côté du burlesque, du grotesque ou du picaresque. Son écriture, souvent qualifiée de néo-réaliste, est simple et ses intrigues plutôt resserrées. Une ville à soi est une histoire d'amitié, légèrement teintée d'ambigüité, entre deux femmes : Fengchun, une trentenaire mal mariée, et Mijie, une veuve sans âge. Cette dernière dirige avec succès une échoppe de cirage de chaussures où elle emploie sa jeune voisine perturbée par l'indifférence et la vacuité de son époux. Leurs relations vont passer par tous les états en une seule journée sous l'œil d'une sage octogénaire, la belle-mère de Mijie. Roman minimaliste, aux dialogues parfois surprenants par leur naïveté (est-ce la traduction ?), Une ville à soi, comme son titre l'indique, est aussi un témoignage sur les relations en constante évolution entre habitants d'une cité (Wuhan en l'occurrence) avec des modes de vie bouleversés par les valeurs nouvelles du capitalisme. Et tout doucement, sans élever le ton, Chi Li suggère que, heureusement, s'il reste une chose à laquelle se raccrocher c'est bien l'amitié. Notamment entre deux âmes sœurs.
L'auteure :
Chi Li est née en 1957 près de Wuhan (Chine). 10 de ses romans ont été publués en français dont Le show de la vie.
Aucune certitude fiable en ce monde (Le meurtre du Commandeur, livre 2)
Il n'existe aucune certitude fiable en ce monde. Cette phrase, écrite par Haruki Murakami dans Le meurtre du Commandeur, et qui reflète les pensées de son narrateur, résume d'une certaine façon toute l'oeuvre de l'écrivain japonais. Et plus particulièrement dans le livre 2 de son dernier roman (joliment intitulé La métaphore se déplace) dont une grande partie se déroule dans un univers onirico-fantastique alors que son héros doit essayer de ne pas succomber aux forces du mal en crapahutant dans un souterrain étroit durant un temps difficile à déterminer. Pourquoi cette douloureuse épreuve ? Pour retrouver une fillette disparue dont il a fait le portrait (rappelons qu'il est peintre) et avec laquelle il a lié une relation d'amitié et de connivence. Ce long passage est censé être le point d'orgue et l'acmé de ce roman-fleuve. Ce n'est pourtant pas le meilleur (avis personnel) tant Murakami est bien plus passionnant quand il évoque le quotidien presque heure par heure de son personnage principal avec la douce mélancolie de quelqu'un qui se pose de nombreuses questions sur le sens de sa vie, de ses amours, de ses emm..... Le meurtre du Commandeur est admirablement agencé reliant avec un grand naturel êtres réels et imaginaires, ces derniers sortis de la toile d'un peintre âgé et proche de la mort dont le narrateur habite provisoirement la maison. Il y a de l'humour, de la poésie et une pincée d'érotisme dans le roman, comme souvent chez Murakami, mais surtout ce sentiment que la frontière est poreuse entre ce qu'on appelle la réalité et des univers parallèles où tout peut arriver. Toujours cette idée qu'en ce monde il n'existe aucune certitude fiable. Et c'est ce qui fait le charme du livre de Murakami, encore une fois. Qu'il se laisse prendre la main et le lecteur se verra entraîner dans des contrées où le beau et le bizarre chevauchent de concert. Comme toujours chez l'écrivain, ce n'est pas la destination qui compte mais bien le voyage. Et celui-ci vaut le détour !
L'auteur :
Haruki Murakami est né le 12 janvier 1949 à Kyoto. Il a publié 14 romans dont La ballade de l'impossible, Kafka sur le rivage et 1Q84.
Dysfonctionnements du réel (Le meurtre du Commandeur, livre 1)
On a beau être un inconditionnel de Murakami depuis 1990 (date de sa première traduction en français : La course au mouton sauvage), la question se pose : comment encore être étonné par l'écrivain japonais (qui n'a toujours pas eu le Prix Nobel !) ? La réponse tient dans les premières pages du Meurtre du Commandeur : d'emblée, l'étrangeté de la situation exposée intrigue et impose de poursuivre sa lecture avec une gourmandise non dissimulée. En attendant le Livre 2, ce premier tome, intitulé Une idée apparaît, est impossible à résumer (tant mieux d'ailleurs, c'est la meilleure preuve de sa richesse). Au centre du récit, un peintre de 35 ans, que sa femme vient de quitter et qui se cherche autant dans son art que dans sa vie privée. Après une errance sur les routes du Japon, Il emménage dans une maison isolée dans la montagne et le voici mûr pour accepter les dysfonctionnements du réel, autrement dit, des événements bizarres qui vont "égayer" son quotidien. Le meurtre du Commandeur est dans la lignée de 1Q84 mais suffisamment différent pour ouvrir de nouvelles et excitantes voies narratives. Car plusieurs intrigues se chevauchent avec grâce et limpidité : une clochette tintinnabule dans la nuit, un voisin passe commande d'un portrait avant de demander un service surprenant, un personnage de petite taille sort d'un tableau ... Sans oublier l'histoire de l'ancien occupant de la maison, un peintre lui-aussi, qui a vécu à Vienne au temps de l'Anschluss. Bref, il se passe de drôles de choses dans ce roman qui se lit aussi comme un hommage vibrant à tous les arts, notamment la peinture traditionnelle japonaise ou la musique classique occidentale. Au bout de ce premier livre, il n'existe aucune alternative : vite s'atteler à la lecture du second, au titre prometteur : La métaphore se déplace.
L'auteur :
Haruki Murakami est né le 12 janvier 1949 à Kyoto. Il a publié 14 romans dont La ballade de l'impossible, Kafka sur le rivage et 1Q84.
Une année à Kamakura (La papeterie Tsubaki)
Il en faudrait davantage de ces livres qui nous dorlotent et nous émeuvent sans prétendre accéder à la "grande littérature" si tant est que celle-ci réponde à des critères objectifs, ce dont il est permis de douter. Les livres d'Ogawa Ito font du bien par leur bienveillance et c'est énorme, ce sont des Feel good Books dont on émerge avec parfois même une petite larme à l'oeil. Mais attention, c'est tout un art que de savoir garder une certaine tenue et de ne pas tomber dans une mièvrerie sucrée. De ce point de vue, La papeterie Tsubaki est un modèle du genre et peut-être le meilleur livre de la romancière japonaise, devant même Le restaurant de l'amour retrouvé. Au fil de quatre saisons, Ogawa Ito nous raconte la vie et les états d'âme d'une jeune femme qui a repris la papeterie de sa grand-mère et surtout son office d'écrivain public. C'est l'occasion de rencontres et de partages, bien sûr, mais aussi une description affectueuse d'un métier pas comme les autres où il est aussi bien question de calligraphie que de choix d'encres, de papier ou de crayons. Outre le thème de la transmission, très présent, Ogawa nous parle d'amitiés, épistolaire ou non, qui dépassent les notions d'âge ou de milieu social. Le livre est un hommage vibrant à Kamakura, petite ville côtière à taille humaine, toute proche de la mégalopole tokyoïte. Au-delà de la papeterie, la romancière consacre de nombreuses pages à la nature et au passage des saisons, aux fêtes traditionnelles et, bien entendu, à la gastronomie. Hatoko, l'héroïne de La papeterie Tsubaki, ancienne rebelle, est revenue à la source et acquiert une sagesse nouvelle en joignant l'utile de sa profession à l'agréable des relations humaines. Qu'est-ce qu'on aimerait pousser la porte de sa papeterie pour papoter un moment en dégustant un thé odorant !
L'auteure :
Ogawa Ito est née en 1973 à Yamagata (Japon). Elle a publié Le restaurant de l'amour retrouvé, Le ruban et Le jardin arc-en-ciel.
Petites gens de Malaisie (La somme de nos folies)
La littérature malaisienne nous est encore largement inconnue, même si les romans de Tash Aw nous sont parvenus ces dernières années mais celui-ci, résidant à Londres, a situé ses derniers livres en Indonésie et à Shanghai. La vraie Malaisie, pays carrefour du sud-est asiatique, que l'on connait surtout par sa capitale ultra-moderne Kuala-Lumpur, est toute entière dans le premier roman de Shi-Li Kow, issue de la communauté chinoise de Malaisie, auteure réputée jusqu'alors dans le monde anglo-saxon pour ses nouvelles. La somme de nos folies, qui se situe dans une petite bourgade imaginaire de l'état du Perak, trace en filigrane de ses différentes histoires un portrait-camaïeu d'un pays complexe. Dans un esprit proche du réalisme magique latino-américain, La somme de nos folies serpente entre drame et comédie sociale, avec pour principal atout la bienveillance d'une romancière envers des personnages qui se veulent ordinaires (des petites gens) mais auxquels il arrive des choses extraordinaires. Deux d'entre eux, Anyong, vieux sage, et Mary Anne, petite orpheline maligne, sont les narrateurs de péripéties dominées par la personnalité de Beevi, au caractère disons imprévisible. De nombreux autres protagonistes plus ou moins baroques interviennent dans un récit bigarré et souvent poétique. Une lecture agréable bien que l'on puisse regretter, peut-être, que le livre apparaisse plutôt comme une suite de nouvelles que comme un roman bien structuré. Mais c'est cette construction foisonnante qui donne finalement tout son charme et son intérêt à ce livre qui correspond bien à l'esprit des éditions Zulma avec lesquelles le plaisir de découvrir de nouveaux territoires géographiques et narratifs est rarement déçu.
L'auteure :
Shi-Li Kow est née en 1968 à Kuala-Lumpur (Malaisie). Elle s'est faite connaître par un recueil de nouvelles.
Nouveaux riches (Ghachar Ghochar)
Un roman indien qui se respecte fait au moins 500 pages. Du moins, c'est l'habitude que nous ont donnée les auteurs du sous-continent avec quelques exceptions pour confirmer la règle. Mais Vivek Shanhbag, inconnu jusqu'alors en nos contrées, est différent. Ne serait-ce que parce qu'il écrit directement en langue kannada. Et avec Ghachar Ghochar, son premier livre traduit en français, paru aux éditons Buchet-Chastel, il nous offre un récit de moins de 200 pages qui, par bien des égards, ressemble à une longue nouvelle. Inutile donc de le comparer aux pavés indiens auxquels nous sommes accoutumés, sinon c'est la déception assurée. Le récit, lui-même, n'est pas vraiment lié à une évolution narrative constante. Il s'agit plutôt d'un grand flashback d'un homme qui nous raconte sa vie familiale depuis divers angles comme pour constituer une tapisserie ou, si l'on préfère, esquisser une miniature. La quatrième de couverture parle d'un roman "en forme de parabole sur les affres de la richesse trop vite venue et la dégradation morale qui l’accompagne, campé dans une Inde tiraillée entre traditions et modernité." Hormis les deux derniers termes, cliché absolu, c'est assez bien vu. L'accession à un standard de vie supérieur, en Inde, est quelque chose de très spécial et de déstabilisant, non seulement aux yeux des autres mais au sein même de la famille qui en bénéficie. C'est tout l'art de Vivek Shanhbhag que de nous en expliquer les composantes et les conséquences avec une finesse de trait doublée d'une sorte de douceur qui cache pourtant de grandes cruautés. Chacun des personnages de Ghachar Ghochar a droit à une portrait admirablement ciselé dans ce qui pourrait être une comédie de moeurs sur les nouveaux riches indiens. La chute du livre est brutal et ouverte : elle pourrait être frustrante mais elle donne surtout envie de découvrir d'autres récits de l'auteur. Un de plus à ajouter à la longue liste des romanciers passionnants de ce pays aux folles contradictions..
L'auteur :
Vivek Shanbhag est né en 1963 en Inde. Il est l'auteur de 8 fictions.
Féerie pour une autre fois (Instantanés d'Ambre)
Tous les romans de Yôko Ogawa sont bizarres. Et la plupart sont très beaux quoique souvent inconfortables et cruels. L'on sait bien depuis Baudelaire que le beau et le bizarre peuvent avoir partie liée. Instantanés d'Ambre est terriblement étrange mais si cette fois la magie n'était pas au rendez-vous ? Là, la subjectivité est encore plus de mise que d'habitude en fonction de l'humeur personnelle du lecteur, de son état physique voire même de la météo. Ce roman est un drôle de conte qui pousse le bouchon à l'extrême. Fable sur la solidarité dans une fratrie d'enfants confinée, retenue à l'écart du monde par une mère dont on devine un état mental névrosé. Si l'on n'entre pas d'emblée dans l'imaginaire du roman, on trouvera le temps très long et languissant et l'on ne sera que peu sensible à la prose pourtant toujours aussi poétique et contemplative de Yôko Ogawa. On voit bien les thématiques développées par l'auteur, l'on sent cette ambigüité de l'amour filial et la dureté ainsi que les mensonges du monde des adultes. Mais rien à faire, la féérie sera pour une autre fois. Un rendez-vous manqué qui n'empêchera pas de repartir en excursion littéraire avec la romancière dès sa prochaine publication.
L'auteure :
Yôko Ogawa est née le 30 mars 1962 à Okayama (Japon). Elle a notamment publié Hôtel Iris, Les tendres plaintes et Le petit joueur d'échecs.
Des débuts opaques (Mort d'un propriétaire foncier)
Le retour de Yu Hua dans les librairies françaises se fait aujourd'hui à travers une compilation de 5 courts romans, publiés en Chine entre 1987 et 1994, soit au début de sa carrière littéraire. Il serait sans doute plus juste de parler de longues nouvelles, aucun texte ne dépassant les 90 pages mais n'ergotons pas. Ces récits montrent un auteur pas encore très assuré dans ses techniques de narration au point que 3 de ses romans (nouvelles) apparaissent bien nébuleux, opaques dans leur déroulement avec une multitude de changements de directions et de personnages, et pour tout dire pas loin d'être ennuyeux. On se croirait parfois chez Murakami ou Kafka mais sans le talent des deux écrivains. Le premier roman (nouvelle), Mort d'un propriétaire foncier, a aussi ces défauts mais son contexte, l'occupation japonaise, et sa tonalité, volontiers comique dans une veine grotesque que Yu Hua a su si bien maîtriser dans ses livres futurs, convainc davantage. Et puis il y a le dernier récit, Frisson, histoire toute simple de la rencontre d'un homme et d'une femme douze ans après un rendez-vous manqué, qui s'avère être la pépite de l'ouvrage. Tout en sensibilité, en psychologie et en pudeur et aussi émouvant qu'un roman (nouvelle) de Stefan Zweig. Une bonne note pour la fin mais cet ouvrage est relativement dispensable sauf évidemment pour ceux qui veulent avoir tout lu de l'auteur chinois.
L'auteur :
Yu Hua est né le 3 avril 1960 à Hangzhou (Chine). Il a publié une dizaine de romains et de recueils de nouvelles dont Le vendeur de sang, Brothers et Le septième jour.
Tous migrants (Exil West)
Mohsin Hamid, auteur notamment de L'intégriste malgré lui et de Comment s'en mettre plein les poches en Asie mutante, se définit lui-même comme un "écrivain globalisé" et un "étranger partout." Un écrivain à la plume plutôt acide et cinglante qui, avec Exil West, change un peu de ton, choisissant celui de la douceur, empreinte tout de même d'une soupçon d'ironie. Le livre raconte la rencontre puis la vie commune, sans mariage, de Saïd et de Nadia, d'abord dans une ville du Moyen-Orient peu à peu livrée aux exactions de bandes d'extrémistes. Puis c'est l'exil, de Mykonos à San Francisco, en passant par Londres. Témoignage réaliste de la vie précaire de migrants, le roman n'est pas que cela, ajoutant une touche de fantastique, les "voyages" d'un point à un autre s'effectuant à l'aide de portes magiques. Les deux aspects -l'histoire d'amour avec ses hauts et ses bas, la violence anti-migratoire qui atteint son paroxysme dans les passages londoniens- se marient le plus souvent avec bonheur dans cette fable humaniste qui a le mérite de nous faire vivre de l'intérieur l'existence de gens qui ne sont, à l'instar de l'auteur, chez eux nulle part. Et semblables, selon Hamid, à une grande partie des habitants d'un monde où ces mouvements migratoires ne pourront que s'accentuer à l'avenir. Et avec ceux-ci, milite Mohsin Hamid, la nécessité que le regard des citoyens dits de "souche" change radicalement pour aller vers l'acceptation et la solidarité.
L'auteur :
Mohsin Hamid est né le 23 juillet 1971 à Lahore (Pakistan). Il a notamment écrit L'intégriste malgré lui et Comment s'en mettre plein les poches en Asie mutante.