Cinéphile m'était conté ...

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Amour et manipulation (Madalyn)

Un écrivain. Une adolescente. Deux voisins. Il est son confident. Elle est amoureuse. Pas de lui, mais il a une idée sur la question. Madalyn, de Michael Köhlmeier, est un ouvrage d'apparence anodine dont on demande parfois s'il n'est pas que la simple description d'une histoire d'amour ou d'une amourette, si l'on a l'âme peu portée au sentimentalisme. Sauf que tout est raconté du point de vue du romancier et qu'il est manifeste qu'il louvoie avec la réalité et la transforme quelque peu quand cela l'arrange. Le livre est empreint d'une délicatesse qui cache une sourde perversité manipulatrice, insaisissable et surtout indéfinissable. Köhlmeier, lui-même, joue avec nos nerfs quand, après une première partie prometteuse, il abandonne purement et simplement son personnage d'écrivain avant de le faire resurgir de sa boîte, dans les ultimes pages. Entre temps, l'idylle amoureuse de la jeune fille de 14 ans devient le sujet central et oscille entre une certaine (fausse ?) niaiserie et le sentiment que cette histoire, faite de mensonges et d'attraction ambigüe, n'est pas aussi claire qu'elle en a l'air. Le romancier a en tous cas l'art de maintenir son lecteur en haleine dans l'attente d'un événement qui viendra casser le ronron amoureux. Et s'il ne vient pas, il nous aura au moins maintenu sur nos grades et à l'affût d'une dramatisation de son récit. La manipulation est décidément déclinée dans tous ses états. Et l'on en reste comme deux ronds de flanc à se demander quel type de roman on vient de lire.

 




11/11/2012
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