Cinéphile m'était conté ...

Cinéphile m'était conté ...

Postures et imposture (Assemblage)

Qualifié de "déflagration littéraire" en Grande-Bretagne, Assemblage, le premier roman de Natasha Brown, est un drôle d'objet, en définitive. Au point que le terme de "roman" ne lui convient qu'à moitié, il s'agit aussi d'une sorte de monologue composite de la narratrice, et presque d'un pamphlet, quoique le mot soit trop fort, disons quelque chose comme une dissertation souvent brillante mais parfois opaque. Ce sont d'abord les fragments de vie d'une femme noire dans l'Angleterre d'aujourd'hui : elle s'est élevée socialement avec un poste jalousé dans une banque et a un petit ami issu d'une famille huppée. Tout devrait aller bien si ce n'était qu'elle a de plus en plus l'impression que ses postures relèvent de l'imposture et qu'elle ne supporte plus l'hypocrisie et le cynisme des milieux qu'elle fréquente. Si l'on peut comprendre sa lassitude, qui témoigne d'une grande lucidité, son comportement vis-à-vis de la maladie est plus problématique, élément quelque peu superfétatoire et inutilement mélodramatique. Le texte est court, hélas, et aucun personnage autre que la narratrice n'a l'espace suffisant pour exister. Reste un colère froide contre les diktats de "l'assimilation" et une analyse fine du racisme larvé dans une société prétendument ouverte mais qui souffre toujours d'un syndrome de supériorité colonialiste bien ancré. Une centaine de pages de plus et une intrigue plus généreuse : dans ce cas là, oui, la déflagration aurait eu davantage de chance de se faire entendre.

 

 

L'auteure :

 



28/01/2023
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