Cinéphile m'était conté ...

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L'antichambre de l'hydre (La Famille)

Rares sont les romans qui nous font sentir intimement les pensées de ses personnages, presque à d'identifier à eux, et qui, dans le même temps, donnent une vue d'ensemble et un recul pour mieux embrasser les situations. Au cinéma, ce serait une alternance avisée de gros plans et de plans d'ensemble, sans qu'il y ait besoin de zoom pour passer des uns aux autres. La Famille est le premier roman de Naomi Krupitsky et c'est un grand livre, dans l'antichambre de cette hydre new-yorkaise que jamais l'autrice ne nomme par son nom, car ce n'est pas nécessaire, la Mafia. Une gageure pour cette Californienne qui raconte avant tout une amitié féminine qui a commencé à l'enfance et s'est poursuivie sur près de deux décennies, le livre débutant en 1928. Sofia et Antonia, deux femmes en lutte avec elles-mêmes, avec de forts moments de dépression et de tempête, avec maris et enfants, mais proches l'une de l'autre, avec de brèves périodes d'éloignement. La Famille est un roman à mèche longue, où la violence, sourde, se tient à distance de ses deux héroïnes, mais ne peut qu'impacter leurs existences respectives. Fragiles et puissantes sont Antonia et Sofia, aux tempéraments si différents, mais avec le même désir de s'affirmer dans un monde d'hommes et de règlements de compte. Et avec pour principal but de garder chacune d'entre elles vivantes, parce qu'ensemble elles forment une entité qui peut faire bouger des montagnes. Le livre se termine de manière très cinématographique, comme une apnée qui devient acmé. Si Naomi Krupitsky en a envie, qu'elle ne se gêne surtout pas pour concocter une suite à ces sinueuses et passionnantes vies de famille.

 

 

L'auteure :

 

Naomi Krupitsky est née à Berkeley (Californie).

 



03/06/2023
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