Cinéphile m'était conté ...

Le grand salaud (Dai akutô), Yasuzô Masumura, 1968

Une étudiante perd son innocence au contact d'un yakuza, d'une star de la chanson et d'un avocat. Le tout après un chantage sordide, quelques ecchymoses, un meurtre et un procès. Peut-être pas le plus éblouissant des films de Masumura mais l'un des plus pervers et amoraux, dans lequel on peut taxer le réalisateur japonais de misogynie avant de louer une certaine dose de féminisme, Masumura n'étant pas à un paradoxe près. Beaucoup de nudité et de violence à l'encontre des femmes dans ce petit film noir, cynique et dénué de bienveillance.

Gens de rizière (Kome), Tadashi Imai, 1957

Contrairement à ce que son titre indique, Gens de rizière décrit moins les récoltes de riz que la pêche dans un lac, qui permet à de nombreuses familles de survivre. C'est néanmoins un combat de chaque jour pour des gens pauvres et résignés, montré par un film qui a d'abord des allures de documentaire avant de choisir deux histoires particulières, dans une veine mélodramatique assez appuyée. Malgré ses splendides paysages naturels, filmés en couleurs, Gens de rizière ne parvient pas à susciter de réel attachement pour ses personnages, trop peu approfondis.

Mother Country (Sanga ari), Zenzô Matsuyama, 1962

Plus connu comme scénariste que comme réalisateur (14 films), Zenzô Matsuyama était marié à Hideko Takamine à laquelle il offre l'un des rôles principaux de Mother Country. Cette saga très romanesque évoque le sort des émigrés japonais aux Etats-Unis, en l'occurrence à Hawaï, de 1919 à 1945. La deuxième guerre mondiale et ses déchirements, y compris au sein d'une même famille, avec des fils nés à Hawaï et engagés contre la patrie de leurs parents, est au centre d'une intrigue qui devient de plus en plus mélodramatique, au fil des minutes. La musique, envahissante, surcharge encore l'ensemble, pour un thème cependant prenant et presque jamais traité au cinéma, hormis dans Bienvenue au paradis d'Alan Parker.