Cinéphile m'était conté ...

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France


Une espérance à reconstruire (Un monde à refaire)

Au printemps 1945, à Hyères, la majorité des habitants ne veut penser qu'aux lendemains et oublier les sales années de guerre, comme partout en France, alors que la seconde guerre mondiale touche à sa fin. Ce n'est pas le cas de tous, évidemment, et ce sont ces personnes-là qui occupent toute la place dans le premier roman de Claire Deya, Un monde à refaire. Ils ou elles ont combattu dans la résistance, reviennent des camps ou encore, dans le cas des Allemands, sont retenus prisonniers. La romancière s'intéresse au destin de ces hommes et de ces femmes qui ont une espérance à reconstruire mais elle dresse surtout, c'est la principale qualité du livre, un panorama à la fois très documenté, vivant et sensible de ce coin de France où a eu lieu un débarquement moins célèbre que celui de Normandie. Un monde à refaire a une vraie gueule d'atmosphère, entre les héros, les salauds qui se refont une virginité et le gros de la population qui ne s'est pas mal conduit mais qui n'a pas eu non plus de courage pour agir. Et puis il y a les démineurs qui risquent leur vie chaque jour pour "libérer" plages et champs. Ils sont le corps et l'âme du livre, eux dont le travail a rarement été évoqué pour raconter cette période. Moins convaincantes, sans doute, mais cela dépend des goûts de chaque lecteur, sont les intrigues sentimentales, torturées à l'excès, qui concernent les principaux personnages du roman. Avec Ariane, notamment, qui a disparu quand le récit débute et qui sert de fil (bien sûr) à l'histoire qui domine toutes les autres, avec sa dose de mystères qui ne s'éclairciront que dans le dénouement de Un monde à refaire. C'est du classique mais on peut estimer que l'autrice, sur cet aspect-là, aurait pu se montrer moins pesante dans son lacis de hasards, de coïncidences et de révélations. D'où un jugement un brin mitigé sur un roman qui, paradoxalement, s'avère moins éloquent dans sa partie la plus ... romanesque.

 

 

L'auteure :

 

 


03/05/2024
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Drôme de guerre (Le nom sur le mur)

Après le triomphe absolu de L'Anomalie, le champ des possibles s'ouvrait très largement pour Hervé Le Tellier, assuré, quoi qu'il écrive, d'être suivi en nombre. Mais de cet auteur à la reconnaissance tardive, ne fallait-il pas attendre l'inverse de son livre à succès, à savoir un texte dénué de la flamboyance de la fiction mais sur un sujet au cœur de ses préoccupations ? Résister aux idées fascistes et à leur résurgence sournoise est quelque chose qui le meut depuis toujours et s'il n'a découvert l'existence de André Chaix que par hasard, peut-être que ce n'en est pas un et qu'il était destiné à rendre hommage à ce garçon drômois fauché peu après ses 20 ans, un jour de 1944. Le nom sur le mur est un livre hybride : pas une biographie historique ni un essai mais l'évocation d'une vie et d'une époque où choisir l'engagement signifiait mettre sa vie en péril. Hervé Le Tellier dit ce qu'il a appris sur cette brève existence dans une Drôme de guerre, avoue ce qu'il ignore, imagine parfois et contextualise une période qui s'éloigne de plus en plus dans le temps et dont il ne faut pourtant jamais oublier ce qu'elle a été, en guise d'avertissement pour le futur. Le livre en dit beaucoup sur André Chaix, sur la Résistance et sur l'idéologie nauséabonde qu'elle combattait, et un peu sur l'auteur lui-même, de manière humble et pudique. Le nom sur le mur, s'il est ouvert à de nombreuses digressions et à une variété de tonalités, y compris l'humour, ne perd jamais de vue l'essentiel de son propos autour d'un héros qui ne se considérait sans doute pas comme tel, un simple humain dans un monde qui alors ne l'était pas.

 

 

L'auteur :

 

Hervé Le Tellier est né le 21 avril 1957 à Paris. Il a publié 29 livres dont L'Anomalie.

 


30/04/2024
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La tempête des sentiments (Faites vos jeux)

Les familers de la prose de Philippe Djian ne seront pas désorientés par Faites vos jeux, tellement le romancier tourne le plus souvent autour des mêmes thèmes et dans un style qui lui est propre, où l'absence de ponctuation n'est que l'une de ses constantes. L'histoire emprunte trois "voix" différentes, dont l'une à la première personne, mais tout se recoupe assez bien, auprès d'un père vieillissant et néanmoins amoureux et son fils et sa fille avec lesquels il entretient des rapports que l'on ne qualifiera pas de cordiaux. Le lieu de l'action a son importance, une petite île où la médisance va bon train et où les rancœurs subsistent. Une tempête du siècle vient nettoyer tout ce microcosme mais ce ne sera qu'un intermède et les problèmes ne seront pas résolus pour autant même si les sentiments des uns envers les autres se sont affinés. Cette comédie humaine et ces liens familiaux amers, Djian n'a cessé de travailler dessus depuis des lustres, écrivant de plus en plus à "l'os", laissant le lecteur se débrouiller avec les non-dits et les ellipses. Faites vos jeux n'est pas le meilleur de ses livres mais il n'est pas si mal, avec ses personnages attachants car perclus de défauts et incapables d'exprimer leur affection autrement que de manière maladroite. Rien de nouveau sous le soleil de l'auteur mais suffisamment de matière et de péripéties pour nourrir les plus fidèles de ses suiveurs.

 

 

L'auteur :

 

Philippe Djian est né le 3 juin 1949 à Paris. Il a publié 34 romans dont Lent dehors, Les impardonnables, Double Nelson et Sans compter.

 


13/04/2024
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L'assassin post-mortem (L'origine des larmes)

Quand un compagnonnage s'établit depuis une trentaine d'années avec un auteur, est-ce que cela empêche d'être exigeant à son égard, nonobstant une tendresse; qui à jamais perdurera ? Bien entendu que non, même si un soupçon d'indulgence aurait pu naître, si d'aventure le cru 2024 de Jean-Paul Dubois, puisqu'il s'agit de lui, avait été moins marquant, à l'aune de ses plus étincelantes réussites. Tout ce fastidieux préambule pour en venir au fait : L'origine des larmes est un livre formidable, dans la continuité d'une œuvre si précieuse, mais aussi différent, de par un ton plus sombre qu'à l'accoutumée, causé sans doute par l'état lamentable du monde actuel mais aussi par l'avancement en âge de l'écrivain, qui rend rarement optimiste quant aux années qu'il reste à vivre. Le roman se situe en 2031, alors que le climat, détraqué, charrie des trombes d'eau à Toulouse (évidemment) comme ailleurs sur la planète. Que d'eau, que d'eau, la météo crée une ambiance particulière dans une intrigue dont seul Dubois a le secret. Quoi de plus absurde que de tirer deux balles dans la tête d'un homme à la morgue, qui plus est quand le susdit est le géniteur de "l'assassin post-mortem" ? Rien de plus naturel ou presque, si l'on considère que ce dernier était le fils du diable, eu égard à l'ignoble comportement du défunt, durant sa pitoyable existence. Construit en flashbacks impressionnistes et fourmillant de détails tragi-comiques, comme la profession du narrateur, gérant d'une entreprise de housses mortuaires, L'origine des larmes est un livre qui nous fait souffrir et jubiler en même temps. Nul besoin d'en dire davantage, le plaisir du style, de l'ironie mélancolique et de l'inventivité de Jean-Paul Dubois reste inénarrable.

 

 

L'auteur :

 

Jean-Paul Dubois est né le 20 février 1950 à Toulouse. Il a publié 24 livres dont Une année sous silence, Kennedy et moi, Le cas Snsijder et Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon.

 


06/04/2024
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Avènement de l'homme nouveau (La langue des choses cachées)

Cécile Coulon a sa place, à part, dans la littérature française contemporaine, par sa langue et par ses intrigues, singulières et fascinantes. La langue des choses cachées doit se lire d'un seul souffle, pour en capter l'étrange et intemporelle atmosphère mais aussi, peut-être, pour éviter d'en voir les coutures et ses divers ingrédients, assemblés pour subjuguer et prendre dans ses rets, tout en laissant infuser ses leçons morales. Le livre, qui est un conte, de la taille d'une novella, sait où il va et vise à nous surprendre, éventuellement à nous choquer et à évoquer par des non-dits assourdissants, des choses cachées et surtout monstrueuses, à travers un témoin et passeur, au pouvoir de guérir ou de martyriser les êtres, pas tout à fait démiurge, mais pas loin. L'intérêt de ce caractère central, désigné comme le "fils" dans le roman, réside dans son caractère d'apprenti, de sorcier pas encore fini, car jeune et à peine sorti des jupes de la "mère", qui fut toute-puissante, redoutée et à l'occasion, sans pitié. Mais le propos de Cécile Coulon n'est pas d'approfondir la psychologie de son héros en construction, elle n'en a pas le temps sur une aussi courte distance, mais de nous confronter à la violence séculaire des hommes envers les femmes, cette atroce relation de maître à esclave, qui s'effrite enfin, et dont l'évolution tient aussi à la prise de conscience d'une nouvelle génération d'hommes dont le "fils" représente bien évidemment le symbole. Un sujet dans l'air du temps, donc, qui ne se camoufle pas mais s'exprime, avec une virtuosité indéniable, en un récit qui évolue entre réalisme magique, fantastique et horreur. Même si l'on a préféré certains des livres précédents de Cécile Coulon, moins agressifs et dont les messages n'étaient pas aussi lisibles malgré la brume de leur mise en scène, La langue des choses cachées (qui se situe très loin du sublime L'homme qui savait la langue des serpents d'Andrus Kivirhäk), par son sinueux cheminement et son style raffiné, passionne le temps de sa lecture même si sa trace restera peut-être moins marquée que les romans de l'autrice qui l'ont précédé.

 

 

L'auteure :

 

Cécile Coulon est née le 13 juin 1990 à Saint-Saturnin. Elle a publié 9 livres dont Le roi n'a pas sommeil et Une bête au paradis.

 


06/02/2024
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Post-apocalytrip (Qui après nous vivrez)

Dans l'interview accordée à Lire magazine, Hervé Le Corre parle de Qui après nous vivrez comme d'un roman sur l'amour humain avant d'être une œuvre post-apocalyptique, avec "des personnages qui survivent et se tiennent debout calés les uns contre les autres." Cette humanité, on la retrouve principalement dans les relations entre les mères et les filles, sur plusieurs générations : Rebecca, Alice, Nour, Clara. A vrai dire, cette tendresse et solidarité féminine est l'ingrédient nécessaire pour ne pas sombrer dans la noirceur la plus totale, alors que la civilisation, qui n'en mérite plus le nom, sombre et régresse dans la deuxième moitié du XXIe siècle et les 50 années qui suivent. Qui après nous vivrez nous raconte un monde aux allures féodales où les êtres reviennent à une sorte d'état sauvage, dans une fuite sans cesse renouvelée vers des lieux susceptibles d'être plus hospitaliers, puisque l'espoir fait ... survivre. Ce roman post-apocalytrip en rappelle bien d'autres du même acabit et si le lecteur peut apprécier le style réaliste et parfois poétique de l'auteur, il a parfois l'impression que les situations se suivent et se ressemblent, notamment les exactions les plus atroces, les violences faites aux femmes y tenant le premier rôle. La construction, avec ses trois récits qui progressent en différents temps, en alternance, ne facilite pas la tâche et il faut parfois, en début de chapitre, s'interroger pour reconnaître l'époque dans laquelle se situe l'action. Qui après nous vivrez est un roman puissant, on ne peut lui enlever son caractère, d'une violence parfois insoutenable et qui ne donne guère d'espérance sur l'état du monde à venir, tout en fustigeant, mais sans trop de lourdeur, celui dans lequel nous vivons aujourd'hui et qui court à sa perte, dans une inconscience et un égoïsme forcenés. Qui après nous lirez, préparez-vous à une expérience perturbante, voire traumatisante.

 

 

L'auteur :

 

Hervé Le Corre est né le 13 novembre 1955 à Bordeaux. Il a publié 15 livres dont Prendre les loups pour des chiens et Traverser la nuit.

 


24/01/2024
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Pour quelques bribes de plus (La danseuse)

Cela fait un bail que Patrick Modiano n'a plus rien à prouver. Son œuvre parle pour lui et il ne peut qu' y ajouter quelques chapitres, peut-être pour ses aficionados les plus insatiables, qui n'en auront jamais assez de ces atmosphères floues et de ces souvenirs fantomatiques qui forment l'essentiel de la matière de ses livres. Qu'est devenue la danseuse dont le narrateur évoque le souvenir dans son dernier roman, sans d'ailleurs préciser quelle fut, à une époque lointaine, la nature de la relation avec elle (amie, amante, les deux ?) de ce compositeur de chansons, pas encore très affirmé en sa jeunesse, qui allait devenir écrivain ? Modiano se remémore des bribes, des personnages qui passent, parfois inquiétants, suffisamment en tous cas pour parler d'un hier révolu, dans un Paris qui, lui aussi, a disparu, aussi sûrement que les épais bottins téléphoniques. On attend toujours Patrick au carrefour de la nostalgie, et il est bien là, tel qu'en lui-même. Qu'importe si La danseuse n'apporte rien à la grandeur du Prix Nobel, c'est une brique de plus dans la construction d'un univers de multiples nuances de sépia dans lequel le lecteur conquis depuis des lustres plonge avec plaisir, sachant pertinemment que la destination n'est jamais importante, à partir du moment où le voyage erratique dans la mémoire nous a procuré la sensation étrange et agréable d'être parti vers un ailleurs dans le passé, où rien n'est certain si ce n'est qu'il a existé, d'une manière ou d'une autre.

 

 

L'auteur :

 

Patrick Modiano est né le 30 juillet 1945 à Boulogne-Billancourt. Il a publié 31 romans dont Rue des boutiques obscures, Dimanches d'août, La petite Bijou et Chevreuse.

 


09/10/2023
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Confinés ensemble (Chaleur humaine)

La suite de Nature humaine s'intitule Chaleur humaine mais celle-ci n'apparaît véritablement que lors de l'embrasement final. Car pour le reste, le livre de Serge Joncour raconte au quotidien, de fin janvier à fin mars 2020, la manière dont une famille d'abord éparpillée puis confinée ensemble, dans un coin de campagne du Lot, vit cette période marquée par une atmosphère délétère, amplifiée par les actualités télévisées. Il y a donc plusieurs aspects dans Chaleur humaine, celui factuel de la progression de la pandémie et des décisions gouvernementales et celui romanesque autour d'individus, rats des villes et rats des champs, qui finissent par se retrouver, en essayant d'apaiser leurs conflits, liés à des visions divergentes de la façon de mener son existence. Un peu trop linéaire et attendu dans son éloge de la nature et de ceux qui s'en préoccupent, le récit manque d'un brin d'épaisseur, voire de folie, dans sa construction, mais nullement de bienveillance ou d'ironie, dans son style. Joncour s'est cependant bien gardé d'écrire un livre militant mais cette chronique au jour le jour ne saurait surprendre, tout en restant plaisante à lire, avec des personnages que l'on aimerait côtoyer dans la vraie vie, pour certains, et pour d'autres pas du tout. Chaleur humaine est tout de même la preuve qu'il est bien difficile d'écrire sur l'histoire récente, y compris pour la dose de frustration ou de déséquilibre que cette période a pu engendrer chez certains. Les leçons de ce passage dans l'histoire humaine ne pourront être tirées que dans un avenir plus lointain, sans aucun doute, comme symbolique de la fin ou du début d'une ère nouvelle.

 

 

L'auteur :

 

Serge Joncour est né le 28 novembre 1961 à Paris. Il a publié 17 livres dont L'amour sans le faire, Chien-loup et Nature humaine.

 


01/10/2023
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Le démantèlement du Dom Juan (Western)

Dans un roman, en règle générale, le style est là pour servir l'histoire, et non pour phagocyter l'attention, sauf sans doute dans le cas de très grands écrivains. C'est pourtant l'impression que donne Western, avec ses envolées lyriques qui se terminent parfois par des grossièretés brutales. Il y a souvent le sentiment que Maria Pourchet a ciselé ses phrases pour qu'on la porte aux nues pour son écriture flamboyante et téméraire. Oui, mais où est la spontanéité dans tout cela ou encore l'économie de mots et la légèreté, comme respectivement chez Modiano et Kundera ? Quant à la référence au Western, qui revient de manière constante et justifie le titre du livre, elle est plutôt une gêne à la lecture et un besoin de théoriser qui ne convainc guère. Autre élément perturbant : la manière dont l'autrice intervient dans les situations qu'elle décrit, les commentant avec ironie ou hauteur, comme si elle imposait sa vision des choses à ses propres personnages et les enfermait dans un jugement carré. Tout ceci pour dire que Western ne brille vraiment pas par sa fluidité, au sein d'une intrigue très actuelle, post #MeToo, qui brasse large (rôle des médias et des réseaux, décryptage des phénomènes d'emprise), réussit parfois à bien définir les zones grises, mais n'étreint pas autant qu'espéré. Ce récit du démantèlement du suranné mythe de Dom Juan et de la rencontre de deux âmes perdues, pour des raisons très différentes, ne fonctionne que très partiellement, eu égard au déficit d'empathie que l'on ressent vis-à-vis de ses deux personnages principaux. C'est un jugement subjectif, rétorquera t-on, et c'est exact, Western est de toute manière conçu pour susciter toutes sortes de réactions, sauf peut-être celle de la tiédeur, et encore. C'est déjà un mérite qu'il convient de lui accorder.

 

 

L'auteure :

 

Maria Pourchet est née le 5 mars 1980 à Epinal. Elle a publié 7 romans dont Feu.

 


16/09/2023
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En toute transparence (Panorama)

A quoi pourrait ressembler le monde de demain ? Éternelle interrogation, qui semble prendre encore davantage d'acuité dans les temps incertains que nous vivons. Les écrivains en font leur miel, encore plus aujourd'hui, mais ce n'est peut-être qu'une impression. Toujours est-il qu'après l'excellent Crasse rose, venu du Brésil, voici Panorama, de Lilia Hassaine, une romancière française dont la cote ne cesse de monter. En 2049, la transparence est devenue la norme : les habitations sont en verre, les écoles et les prisons itou et le nombre de crimes a singulièrement baissé, de par cette disparition des recoins cachés. Bien entendu, ce meilleur des mondes, derrière sa limpidité, ressemble à un cauchemar climatisé pour ceux qui chérissent la liberté. L'autrice décrit parfaitement cet univers aseptisé et faussement égalitaire, y adjoignant astucieusement une intrigue de polar qui assure un suspense de bon aloi. L'écriture de Lilia Hassaine est propre, sans artifices, avec un personnage central, une ancienne flic, qui n'est pas sans failles dans sa vie, ni doutes quant à l'évolution de la société. C'est bien évidemment les dérives de celle de 2023 que cible la romancière, avec ses réseaux sociaux et ses influenceurs, mais si la démonstration coule de source, il est permis de ressentir un soupçon de frustration devant un livre que l'on aurait peut-être aimé plus dense et plus intense et cela vaut aussi pour la trame policière quelque peu bâclée sur la fin. Reste un roman agréable et efficace qui ne suscitera pas nécessairement une intense réflexion sur l'évolution du monde mais il ne faut peut-être pas trop lui en demander.

 

 

L'auteure :

 

Lilia Hassaine est née en 1991. Elle a publié L'oeil du paon et Soleil amer.

 


31/08/2023
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